À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
À la porte du paradis, saint Pierre, apprenant que le « Canayen » qui est devant lui a vécu aux États-Unis, le renvoie à saint Patrick. Mais comme le quémandeur ne parle pas anglais, saint Patrick lui refuse l’entrée au paradis américain !
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« Chez les morts » se présente comme une courte saynète mettant en vedette Jean-Baptiste, notre typique « habitant » canadien français, bon catholique, fort travailleur et père d’une nombreuse famille. Constitué pour l’essentiel de dialogues, le texte illustre les préoccupations du moment – l’exode vers les États-Unis met en péril la langue et la foi des expatriés – en transposant au Ciel le sentiment d’exclusion et d’injustice ressenti alors par toute une nation. Car le propos ne peut être plus clair : tout d’abord refusé par saint Pierre parce qu’il a vécu aux États-Unis, puis exclu du paradis américain parce qu’il ne parle pas la « bonne » langue, Jean-Baptiste ne devra son entrée au paradis qu’à l’intercession de Dieu le fils en personne !
Non signé, « Chez les morts » est l’exemple classique de ces courts textes d’atmosphère qui, par le biais de l’humour, stigmatisaient un personnage, une situation ou un événement particulier. Souvent utilisés comme « bouche-trous », ils n’avaient pas le même statut que les contes, les légendes et les nouvelles « officielles » que ces mêmes journaux publiaient à l’occasion. Leur lecture nous donne cependant une idée assez juste de ce qui préoccupait les gens d’alors ou, à tout le moins, les journalistes qui les écrivaient. Or, « Chez les morts » a vu le jour dans un journal franco-américain du Minnesota, L’Écho de l’Ouest, ce qui éclaire de façon toute particulière son propos, on en conviendra ! [JPw]
- Source : Le XIXe siècle fantastique en Amérique française, Alire, p. 10-11.