À propos de cette édition

Résumé/Sommaire
Du pas de sa porte, Nicolas contemple le paysage. Sous la pluie, il voit s’approcher une magnifique chienne. Tout naturellement, il décide de l’adopter. Après une longue soirée dans son atelier à trimer sur une nouvelle toile, le peintre peine à trouver le sommeil, dérangé par les bruits de l’animal. Bien décidé à mettre la chienne dehors, il ouvre les yeux pour découvrir, à la place de celle-ci, une femme à quatre pattes qui lui montre les crocs avant de l’attaquer. Ayant réussi à semer la femme-chien qui l’avait poursuivi dehors, Nicolas se barricade dans son atelier et décide de brûler son plus récent tableau, représentant la superbe Créature.
Commentaires
Publiée dans la revue Nous en 1973, cette nouvelle fantastique ne saurait être qualifiée de banale, sans pour autant démontrer une grande originalité quant aux thématiques proposées. La femme-animal, la muse dangereuse ou la personnification de la création, on a déjà vu. Toutefois, sans partager le talent de Maupassant pour la création d’ambiance, l’auteur parvient à envoûter son lecteur, à lui faire ressentir les émotions de Nicolas, seul personnage humain de cette histoire. Quand le jeune peintre, la nuit, entend les pas et la respiration de l’animal, on a l’impression d’y être. Quand « une eau glacée » envahit ses membres, le lecteur a froid, lui aussi.
Le récit, même si on en devine assez rapidement la conclusion, est bien mené, avec juste ce qu’il faut de tension pour qu’on y croie. Le style, relativement efficace et sans fioritures, est économe. Pas de longues descriptions dans cette nouvelle. Comme avec la tension, l’auteur sait doser. Procédé intéressant de la narration, Beaujour alterne et modifie avec brio l’appellation de la chienne. Après sa transformation en femme, lorsqu’elle agit comme un animal (se gratter, gronder), elle devient pour le narrateur la Louve, avant de reprendre une certaine humanité (la jeune femme) lorsque Nicolas la frappe et en conclusion, sur la toile de l’artiste, évidemment, la Créature.
Finalement, puisque le paratexte, même dans une revue, fait toujours partie de l’ensemble littéraire, on peut sérieusement douter de la pertinence de l’illustration (couvrant toute une page alors que la nouvelle n’en fait qu’une et demie !). Comme souvent, on aurait eu intérêt à faire confiance à l’imagination du lecteur, pour qui sans doute la créature de cette nouvelle montrait beaucoup plus de beauté sauvage et animale que la Bête illustrée par André Roussil ! [PT]