À propos de cette édition

Résumé/Sommaire
Les bombes ont détruit une partie du pays. Abandonnés à eux-mêmes par leurs maîtres qui fuient les villes et les campagnes dévastées, les chiens errent dans les décombres à la recherche de nourriture. Affamés, ils se battent et s’entre-tuent. Après quelques semaines de sauvagerie et d’errance, ils répondent instinctivement à un appel muet et se rassemblent dans une ville en ruines où ils attendent, calmés, un signe du ciel. Bientôt une plainte poussée par un hybride s’élève, reprise par un autre, puis par la meute entière dont émane une aura de lumière. Soudain, tous les chiens disparaissent.
Commentaires
« Les Chiens » de Jean Chicoine est un beau texte d’ambiance qui s’étire cependant un peu trop car il faut bien admettre qu’il ne se passe pas grand-chose. Les chiens errent, fouillent les décombres, s’entre-dévorent pour des morceaux de cadavres et se rassemblent finalement dans une ville qui, sans être nommée, est sans doute Montréal. L’aéroport à proximité, le fleuve et ses trois ponts qui l’enjambent, tous les indices pointent vers la métropole.
L’auteur cultive le mystère en révélant le moins possible d’informations sur les causes du conflit qui a dévasté cette partie du pays, voire la planète entière. Au passage, il mentionne la présence de vaisseaux spatiaux écrasés au sol. Est-ce une guerre qui a opposé les Terriens à des extraterrestres ? On ne le sait pas. D’ailleurs, les humains sont totalement absents du récit mais ils n’en sont pas moins responsables de cette dévastation. On apprend aussi qu’ils ont mené des expériences sur des chiens, d’où la présence d’hybrides parmi la population canine. Ce sont ces spécimens modifiés génétiquement qui entonnent une plainte déchirante et recréent l’unité du corps animal nécessaire à sa transhumance.
La fin de la nouvelle est conforme au parti pris de l’auteur : elle ne tente pas d’expliquer la disparition des chiens. Il s’agit d’une stratégie narrative payante et c’est ce qui contribue, finalement, à la force de ce texte qui invite le lecteur à méditer sur la part d’animalité de l’être humain car les chiens, ce sont aussi les hommes dans une certaine mesure.
Dans Les Princes, Jacques Benoit a abordé les rapports entre les humains et les chiens en créant un arc dramatique très fort dont se prive Jean Chicoine en tenant à distance les hommes. C’est un choix qui se défend ! [CJ]