À propos de cette édition

Éditeur
JCL
Titre et numéro de la collection
Jeunesse
Genre
Fantasy
Longueur
Novella
Format
Livre
Pagination
161
Lieu
Chicoutimi
Année de parution
2000
ISBN
9782894312322
Support
Papier

Résumé/Sommaire

La famille de Circée, dont le nom vient d’une plante sauvage, s’est « exilée » sur l’île d’Aea pour en faire, avec quelques autres familles, une colonie écologique. Circée garde un troupeau de porcs dont elle sait qu’ils sauvent des humains : elle croit qu’il s’agit de zoothérapie. Circée ne va pas à l’école parce qu’elle rêve trop et qu’elle fait des crises d’inconscience. Elle apprend la mythologie et la magie dans des livres. Ses parents lui révèlent qu’elle est unique et qu’ils doivent la protéger d’individus qui veulent prélever ses organes. Elle tente d’ailleurs de transcrire les quelques bribes de souvenirs qui lui reviennent de l’enlèvement par des fées dont elle fut victime dix ans plus tôt. Celles-ci l’avaient guérie de son mutisme et de sa cécité.

Des extrémistes de l’ADA (Association pour le droit des animaux) menacent l’élevage de Circée sans que celle-ci en saisisse la raison. Elle rencontre Robert Charrette, le vétérinaire qui s’occupe de ses cochons, et son assistant, Geoffrey, dont elle s’éprend. Robert Charrette avoue à Circée qu’elle ressemble à sa grand-mère qu’il a bien connue dans sa jeunesse. Circée cherche à comprendre comment un homme dans la trentaine peut avoir connu sa grand-mère voilà au moins cinquante ans… Geoffrey s’aperçoit rapidement que Circée possède des dons : elle sait reconnaître les truies en chaleur et, surtout, elle guérit les infections en imposant les mains. Circée entretient une relation particulière avec ses cochons qui semblent l’écouter et la comprendre.

Un jour, Circée reçoit un colis. Simplement en le touchant, elle perçoit qu’il s’agit d’une bio-bombe. Elle la saisit dans ses mains et, avec son pouvoir de guérison, elle détruit les bactéries dangereuses. Cet attentat oblige le vétérinaire à lui avouer que sa grand-mère Jeanne, qui est aussi guérisseuse, l’a sauvé quand elle avait douze ans et qu’il était déjà médecin. Après, il a été cobaye pour une greffe cardiaque spéciale et une étude sur le ralentissement du vieillissement. Grâce à ce traitement, il vieillit dix fois moins vite que le commun des mortels et Geoffrey est son arrière-petit-fils ! Circée s’enfuit lorsqu’il veut lui révéler la mission qu’il s’est donnée comme dette de reconnaissance.

Lorsque Circée trouve un de ses cochons assassiné, elle pique une crise. Le même jour, elle voit, dans sa boule de cristal, que son grand-père va avoir une crise cardiaque. Lorsqu’elle arrive dans le champ, il est déjà trop tard. On emmène le corps sur le continent pour le brancher sur des appareils de survie. Geoffrey arrive dans l’île auprès de Circée et lui explique qu’il doit emmener un porc pour sauver son grand-père. Grâce à des manipulations génétiques, les organes de ses porcs ne sont pas rejetés par le corps humain et sont destinés à des xénogreffes. Circée, sous le choc de cette révélation, choisit un de ses cochons et l’offre pour sauver son grand-père.

Ses deux sœurs Savoyane et Ibéris viennent lui annoncer le lendemain que son grand-père se remet. Circée leur fait lire son livre de souvenirs et elles y reconnaissent le jeu virtuel de Fata Credo détruit dix ans plus tôt après la disparition de Circée dans cet univers puis son retour. Comme les trois Moires qui président à la naissance, à la vie et à la mort, elles vont ensemble baptiser de noms mythologiques les porcelets nés dans les dernières semaines.

Commentaires

Circée l’enchanteresse est le dernier de la trilogie des chimères dont les deux premiers tomes sont parus en 1997 et 1998 : Entre l’arbre et le roc et Délire virtuel. Il s’agit du récit de la plus jeune des filles de cette famille peu ordinaire. La technologie scientifique moderne et le fantastique se mêlent pour alimenter le suspense de ce roman où le mystère et les secrets abondent.

En effet, Circée, l’héroïne dont on suit les pensées, passe de l’enfance à l’âge adulte, du monde de l’inconscience et de la nonchalance à celui de la connaissance et de l’action. À cause de son enfance particulière (voyage virtuel, guérison, etc.), ses parents la surprotègent ; elle-même prend la fuite dans l’île ou dans l’imaginaire lorsque le sujet devient trop sensible. Ce sont les sentiments qu’elle éprouve pour Geoffrey qui la font sortir de son cocon, c’est lui qui lui fera la révélation tant cachée : la mort des cochons qu’elle aime est nécessaire pour la survie des malades. De plus, son journal intime lui permet d’apprivoiser les aspects particuliers de sa jeunesse, d’y entremêler rêverie et réalité. C’est un bilan qui, une fois terminé, lui permet de passer à une autre étape de sa croissance. La vie quotidienne douillette et autarcique de l’île d’Aea est confrontée aux conflits et aux excès qui caractérisent le monde extérieur plus près de notre réalité contemporaine.

Alors que les mégaporcheries suscitent partout la contestation en raison des graves problèmes écologiques qu’elles engendrent et à l’heure d’une législation visant à limiter leur prolifération, l’auteure nous fait voir l’animal sous un jour nouveau. La dénonciation du monde de surconsommation prend un sens technologique positif : ce n’est pas qu’un retour en arrière vers une exploitation manuelle plus humaine, mais aussi l’amalgame avec les découvertes scientifiques les plus avant-gardistes dans le but d’améliorer les conditions de vie.

Ce roman se lit avec délectation, qu’on connaisse ou non les deux premiers tomes. L’écriture alerte de l’auteure ne camoufle pas la critique de notre société en perdition, tout en conservant l’intérêt et le plaisir du lecteur. Il s’agit donc d’une œuvre pour jeunes très intéressante par ses thèmes contemporains et le sens du suspense dont l’auteure fait preuve. [AL]

  • Source : L'ASFFQ 2000, Alire, p. 24-25.

Références

  • Spehner, Laurine, Lurelu, vol. 24, n˚ 1, p. 31.