À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Les villages en apparence les plus tranquilles peuvent dissimuler d’inavouables secrets. Ainsi de Saint-Thomas, ce bled où le père de Marc, las du tumulte de Montréal, a décidé d’installer sa famille, maintenant qu’il occupe un nouvel emploi à Québec. Ici, le secret concerne les Bouchard, un clan jadis puissant qui faisait régner la terreur dans le village. Étaient-ils vraiment des « sorciers » se livrant à des sacrifices d’enfants, comme on les en soupçonnait ? En tout cas au cours de ce que les vieux appellent encore aujourd’hui « l’affrontement de 1921 », les villageois réglèrent leur compte aux Bouchard qui, eux, jurèrent de se venger.
Et voilà qu’avec l’arrivée de Marc semblent se réveiller des fantômes. La « clairière Bouchard » – un lieu tabou situé à l’orée de la forêt qui exerce d’emblée une intense fascination sur le garçon – paraît tout à coup animée d’une vie propre : on y voit des lueurs et les ombres de créatures gigantesques, on y entend des voix… Pendant ce temps, au village, il y a mort d’homme et « Pepére », surnommé « le gardien », sort de la quasi-catatonie dans laquelle il était plongé depuis des lustres. D’évidence un lien, plus étroit qu’on pourrait le soupçonner, unit les Bouchard et le jeune Montréalais de quinze-seize ans aux « cheveux très pâles et [aux] yeux incroyablement clairs » qui vient de débarquer à Saint-Thomas…
Commentaires
La Clairière Bouchard, roman destiné aux 12 ans ou plus, nous convie à une plongée dans le fantastique pur, sans explication rationnelle. La fameuse clairière, qui abrite la maison désertée des Bouchard, nous est donnée comme un lieu surnaturel en proie à des manifestations provoquées par des esprits malins. La clairière Bouchard : endroit maudit, endroit marqué du sceau de l’exaction, d’où Marc revient hagard, exsangue. Sa nouvelle copine Aline, également petite-fille du « gardien » (tiens donc !), s’inquiète d’autant des virées en forêt du garçon que celui-ci a échappé de justesse aux manœuvres criminelles d’un chauffard. Quel villageois peut bien en vouloir à Marc au point d’essayer de le tuer ?
Comme il se doit, le dénouement se révélera rocambolesque à souhait, mais plutôt convenu étant donné la prémisse. De fait, Marc n’est pas celui qu’il croit, comme l’avait deviné le chauffard qui est en réalité une vieille femme nommée… Clémence Bouchard ! Cette dernière, malgré son appartenance au clan, fait partie des « bons » et a même tenté d’empêcher le prolongement de sa propre lignée – en mettant le feu à l’hôpital où Marc est né ! – afin que la malédiction des « sorciers cruels et sanguinaires » reste lettre morte. L’hôpital a été évacué, des dossiers ont été mélangés et au final des nourrissons, dont Marc, se sont retrouvés avec des parents qui n’étaient pas les leurs. Déjà vu comme tour de passe-passe, explication facile au demeurant et, contexte irrationnel ou pas, peu crédible. Bref, le cliché n’est pas loin.
La Clairière Bouchard montre en somme qu’il n’est pas facile de renouveler le thème canonique de la maison hantée, et que l’auteur qui s’y attaque le fait à ses risques et périls. Non que le roman soit mauvais pour autant, mais il manque d’originalité, voilà tout. Claude Bolduc n’en est pas à ses premières armes en matière d’écriture et de fantastique, et cela se vérifie notamment dans la fluidité de la narration, la maîtrise des codes et la mise en place des personnages. Mais il en résulte en quelque sorte un exercice scolaire auquel on attribuerait la mention « bien ». [FB]
- Source : L'ASFFQ 1996, Alire, p. 35-36.
Références
- Desroches, Gisèle, Lurelu, vol. 19, n˚ 2, p. 15-16.
- Morin, Hugues, Temps Tôt 41, p. 51-52.