À propos de cette édition

Éditeur
Berthiaume & Sabourin
Genre
Fantastique
Longueur
Feuilleton
Paru dans
Le Monde illustré, vol. XIV, n˚ 716
Pagination
612-613
Lieu
Montréal
Date de parution
22 janvier 1898

Résumé/Sommaire

En ces années-là, l’Angleterre s’acharne sur la pauvre Acadie tandis que la France demeure impassible devant le sort de sa colonie. De Louisbourg ne reste plus une pierre sur l’autre. Deux Anglais ont fouillé les ruines et entrepris de ramener une cloche afin d’en tirer profit. L’ayant hissée sur un traîneau tiré par deux bœufs, ils filent vers leur maison. Au moment de traverser un pont qui enjambe un marais, la cloche se fait soudain pesante, les bœufs ne peuvent plus avancer. Fous de rage, les Anglais fouettent les bêtes, puis la cloche qui rend un son lugubre. Soudain, les bœufs s’effarouchent, la cloche vacille, le pont s’effondre.

Les gens qui trouveront le pont brisé entendront alors, venant du fond du marais, une cloche qui sonne. Depuis ce temps, à chaque 25 décembre, on entend la cloche pleurer.

Commentaires

Sous-titrée « conte acadien », cette histoire de Firmin Picard crache littéralement le feu sacré contre les Anglais et leur foi impie. Tout comme dans plusieurs de ses textes, l’Acadien pleure sur la triste époque de la Déportation. Ici, il raconte un épisode légendaire de cette guerre, celui où la forteresse de Louisbourg fut rasée de fond en comble. Maîtrisant mieux sa plume qu’à l’habitude lorsqu’il fustige l’ennemi, Picard trace un tableau sombre de la situation. Non seulement les Anglais sont-ils décrits comme la pire des vermines, mais les Français, qui ont laissé la colonie sans défense, ne valent guère mieux.

Picard ne s’embarrasse pas de demi-mesures, on le voit. Le mal est d’un seul côté, le bien de l’autre, un point c’est tout. On comprend alors que le pauvre peuple acadien ne possède que des qualités, tant morales que spirituelles. Même les cloches acadiennes, catholiques donc, possèdent ces qualités, ce texte en faisant foi !

Malgré cette partisanerie grossière, il n’en demeure pas moins que « La Cloche qui pleure » est écrit d’une plume alerte, trempée dans le feu de la rage et de la frustration, preuve que, près d’un siècle et demi après la déportation des Acadiens, le souvenir de cette humiliation restait très présent chez ce peuple fier. [JPw]

  • Source : Le XIXe siècle fantastique en Amérique française, Alire, p. 154-155.