Cocon en sous-location

Jennifer se retrouve sans emploi, sans argent et sans logis dans l’immense cité souterraine de Montréal. La cité, sous surveillance continue, ne tolère aucun vagabond ou itinérant. Les drop out  se voient donc contraints de vivre en surface. Jennifer se résigne à quitter le Montréal souterrain, en quête d’une chambre pour la nuit. Elle met finalement la main sur un objet étrange, sorte de cocon, qui l’accueillera pour la nuit…

Dormir dans un cocon douillet découvert dans un fond de ruelle ? L’idée est séduisante. Du moins pour le lecteur bien emmitouflé dans ses couvertures, prêt à toutes les machinations du fait science-fictionnel. D’autant plus que certains individus laissent planer un léger doute quant à l’existence de chrysalides gigantesques provenant d’autres planètes. À moins qu’il ne s’agisse d’espèces purement imaginaires… Alors cette idée de dormir dans un cocon douillet ? Séduisante ?

Dans cette courte nouvelle publiée dans le numéro thématique Chambre à louer de la revue XYZ, Francine Pelletier trace de nouvelles limites territoriales et “sociales” au Montréal que l’on connaît : vivent en surface les dépravés et les marginaux, alors qu’évoluent dans la cité souterraine les travailleurs et les gens qui se conforment aux règles. « Cocon en sous-location » est l’écho du Montréal d’aujourd’hui : y résonnent les errances d’êtres sans ressources, les incantations et litanies d’illuminés en quête de nouveaux mirages. En fait, le vrai théâtre de la vie se joue ici tout aussi bien dans un décor sale d’escalier que dans un fond de ruelle anonyme.

L’auteure, bien connue des lecteurs de science-fiction, nous propose un texte honnête, léger, de lecture facile. Aucune véritable originalité sur le plan thématique (l’opposition entre la vie en surface et la vie sous terre, liée à l’opposition de classes sociales ou de groupes sociaux, était déjà présente dans La Machine à explorer le temps de Wells). « Cocon en sous-location » est une nouvelle de divertissement dans laquelle plane une petite odeur de mystère… jusqu’au coup de théâtre de la fin. [RP]

• Source : L'ASFFQ 1990, Le Passeur, p. 144.