À propos de cette édition

Éditeur
imagine…
Genre
Fantastique
Longueur
Nouvelle
Paru dans
imagine… 78
Pagination
55-58
Lieu
Trois-Rivières
Année de parution
1997
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Elle s’est installée loin du bar, et pourtant elle a pris une bière. Mais voici que la neige envahit la place et qu’elle doit retourner à l’extérieur où il n’y a plus de ville. De ce grand néant blanc qu’elle arpente longuement surgit un étrange château qui, dès qu’elle en franchit l’entrée, se transforme à son tour…

Commentaires

Voici un texte à la limite du fantastique et du surréalisme. Encore une fois, il pose la question de la définition des genres et de leur délimitation territoriale en cette vaste contrée qu’est l’imaginaire humain, mais aussi de l’amplitude de ces zones où tout se rejoint ou s’entremêle, où l’interprétation devient soudain multiple et non concordante. Dans cette publication, nous avons consacré une section à leurs habitants ; nous l’avons baptisée Le Milieu des franges

Si la nouvelle de Marie-Élaine Savard ne se retrouve pas dans cette section, c’est essentiellement parce que, à travers son esthétique surréalisante, un univers structuré se laisse doucement deviner, renforçant plus que toute autre l’interprétation fantastique du texte, et avalisant ainsi la réalité de l’itinéraire déroutant de la narratrice.

« Les Cœurs cristallisés » offrent de belles images, des ambiances bien senties et une trame narrative relativement classique malgré le surréalisme de la démarche. L’auteure aurait-elle choisi un autre final – moins circulaire et/ou poétique, plus axé justement sur le périple – que l’ensemble du texte aurait été nettement plus percutant. Ce retour sur soi, cette inversion spatiale ramenant la narratrice à sa bière et à ses jeux d’ombre et de lumière, à sa chute et à son ivresse, n’est guère convaincante. Mais un autre choix aurait signifié un autre texte, et donc il faut croire que c’est l’écriture qui, en bout de piste, n’arrive pas à rendre parfaitement la scène. Pourtant, l’essence même de cette courte nouvelle réside essentiellement dans ce retournement et dans l’intrusion du fantastique, qui a déjà englouti la réalité de la narratrice, à l’intérieur même de cette dernière.

Le défi était grand, la tâche difficile ; Marie-Élaine Savard a écrit malgré tout un fort beau texte, que tout lecteur devra cependant lire deux ou trois fois avant d’en retirer la substantifique moelle… et d’en imaginer le véritable moteur, qui n’est autre que la solitude. [JPw]

Source : L'ASFFQ 1997, Alire, p. 158-159.