À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Je suis dans la matrice de ma mère et je l’aime. Mais je suis aussi enceinte. Moi je ne veux pas quitter ma mère, mais les médecins s’inquiètent de ses dialogues avec moi. Je ne la laisserai pas, plutôt mourir avec elle. Mais mon enfant pousse, ma mère ne veut pas de cet enfant qui n’est pas le sien, c’est pourtant lui qui marche vers la lumière, moi je ne suis plus rien, avec ma mère…
Commentaires
« La Cohabitation » est une troublante histoire. Ce fœtus qui cohabite avec sa mère et qui ne veut pas la quitter serait assez banal en soi s’il n’était pas lui aussi enceint du père. Ce qui fait que nous nous retrouvons avec une triple cohabitation, la mère dans la mère…
L’écriture volontairement hachée de l’auteure ajoute à la tension. Une suite de courtes phrases, directes, précises. Si la lecture devient rapidement éprouvante, l’atmosphère, elle, progresse avec régularité vers un climat insoutenable. Mais il y a la difficulté de bien comprendre ce monologue de la fille sur sa mère, aussi faut-il plusieurs lectures pour se faire une idée sur cette histoire où le fantastique tient surtout à la qualité du narrateur et à son état. Car une lecture réaliste de « La Cohabitation » n’arrive pas à englober tous les éléments donnés par Caroline Côté : il y a plus que la thèse de la folie dans ce texte, surtout avec cette fin où le bébé du foetus va vers la vie alors que la mère et sa fille s’éteigne…
Un texte fort, donc, mais qui l’aurait été encore plus si l’auteure n’avait pas délibérément mêlé les cartes. Car, à plusieurs reprises, le lecteur reçoit des phrases qui le laissent perplexe : est-ce la mère véritable qui parle ou le fœtus enceint ? S’il s’agit bien d’un monologue, comme le laisse supposer la structure, pourquoi ces intrusions ?
Un sujet fort et original, un style adéquat, un texte étonnant quoique très ardu, voilà ce qu’est « La Cohabitation ». [JPw]
Source : L'ASFFQ 1988, Le Passeur, p. 261-262.