À propos de cette édition

Éditeur
D'ici et d'ailleurs
Titre et numéro de la collection
L'Écorce des jours
Genre
Fantastique
Longueur
Courte nouvelle
Paru dans
Gens d'ici, Nouvelles du Nord 2
Pagination
121-122
Lieu
Val-d'Or
Année de parution
1992

Résumé/Sommaire

Surprise en forêt par la tombée de la nuit, une fillette trouve refuge dans une maison où elle est accueillie par un couple de vieillards qui l’attendait. Malgré leur hospitalité et en dépit de leurs supplications, Anne s’enfuit au petit matin. Quelques heures plus tard, elle apprend que deux vieillards ont péri dans l’incendie de leur maison.

Commentaires

Le fantastique le plus ténu, le plus volatil, le plus insaisissable se construit souvent sur une série de coïncidences. Le genre a ses adeptes au Québec et certains le pratiquent avec assiduité comme Jean-Paul Beaumier. C’est tout de même inhabituel de voir une élève du secondaire préférer ce fantastique à l’horreur ou au ghost story qui fait le succès de Stephen King chez les ados.

Marie-Claude Lévesque était en secondaire IV quand elle a écrit cette nouvelle dans laquelle les coïncidences ne manquent pas. Le couple âgé connaît le nom de l’enfant, son mets préféré, sa couleur favorite, l’air de musique qui éveille en elle le souvenir de sa mère morte… Mais qui sont ces deux vieillards qui accueillent si généreusement la narratrice ? Que représentent-ils ? Mystère. L’homme dit : « Tu dois rester avec nous, tu es notre vie. » En les quittant, Anne les condamne à la mort.

Je crois qu’il s’agit d’une allégorie sur l’insensibilité de la société actuelle qui oublie les personnes âgées, qui les marginalise honteusement, les poussant ainsi à la mort. Il y a, à l’évidence, rupture entre la génération des aînés et celles qui suivent, même celle des enfants – ce qui est, au demeurant, surprenant. Et ce qui m’étonne dans cette nouvelle, c’est le détachement étrange qu’affiche l’auteure. Le texte ne comporte aucun commentaire désolé, n’exprime aucun remords. Il ne fait que rapporter les événements dans leur nudité.

Je ne sais pas comment le prof de Marie-Claude Lévesque l’a notée. Même si elle doit faire face à la critique puisque son texte est publié professionnellement et non dans un journal étudiant, j’ai le goût d’être magnanime et de lui accorder plus que la note de passage tout en mettant sur le compte de son jeune âge le manque d’originalité de son récit. Après tout, si ma fille avait écrit un tel texte, je ne voudrais pas la décourager en étant trop sévère. [CJ]

  • Source : L'ASFFQ 1992, Alire, p. 115-116.