À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Un homme se lève le matin. C’est une journée importante pour lui car, le soir même, il a rendez-vous avec sa douce. La journée est belle et la matinée se passe en préparatifs et en anticipation. Au milieu de la journée, assis devant sa soupe, tout commence à aller de travers. D’un coup, son œil gauche, éjecté de son orbite, plonge dans le potage. C’est ensuite au tour de l’œil droit. Puis, l’homme perd la maîtrise de sa bouche. Incapable de parler, il persévère tout de même. Plus tard, marchant vers son rendez-vous, c’est au tour de ses pieds de s’affoler, puis de ses jambes. L’homme s’effondre alors qu’il est presque arrivé à destination. Alors qu’il se demande quel sort s’acharne sur lui, il entend un rire désincarné. Les membres du protagoniste avaient donc été possédés par cet être mystérieux, qui s’amuse bien de la situation.
Commentaires
Si le vocabulaire utilisé dans cette nouvelle n’était pas aussi lourd et encombrant, nous pourrions dire qu’il s’agit d’une bonne petite blague. Mais les abus d’adverbes, de périphrases et de synonymes douteux ralentissent le rythme du texte à un point tel que le charme est assez vite brisé. Il est dommage que l’écriture soit ici une entrave au récit car, libéré de mots inélégants tels que « sous-palpébralement », « exophtalmiants » ou « multidirectionnellement », pour ne mentionner qu’eux, ce texte pourrait être bien sympathique.
L’image centrale de la nouvelle est assez comique. La représentation de l’amoureux enthousiaste qui persiste vers sa douce, même s’il perd des morceaux comme un vieux tacot, même s’il doit transporter ses yeux dans ses mains, peut être vue comme un recours intéressant au grotesque qui n’est pas sans rappeler Italo Calvino ou Edgar Allan Poe (dont une citation figure d’ailleurs en tête du texte). Mais le texte n’arrive pas à créer une atmosphère assez immersive pour atteindre son plein effet. Tout au plus, quelques rires au passage seront soutirés. Mais arrivé à la finale en queue de poisson, c’est possiblement l’incompréhension qui risque de prendre le dessus. [MH]
- Source : L'ASFFQ 1994, Alire, p. 110-111.