À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Une colonie humaine a été établie sur la planète Halpa par des scientifiques fuyant des extra-terrestres hostiles aux humains, les Grrihs. Sur Halpa vivent des êtres intelligents et télépathes, les hénichs, à l’apparence ursine. Ils ont noué immédiatement des liens avec les colons ; maintenant, deux siècles après l’arrivée des humains, chaque hénich, à sa naissance, adopte un humain avec lequel il aura un profond lien télépathique et empathique toute sa vie durant.
Carll, douze ans, est le fils d’un géologue célèbre mort accidentellement. La hénich Xéna, partenaire de sa mère, donne naissance à un petit, Novy, qui adopte Carll, lequel est comblé de bonheur. Mais quatre jours après sa naissance, Novy est enlevé. Carll essaie de pister les ravisseurs, mais ne parvient pas à retrouver la trace magnétique de leur glisseur. Une fausse manœuvre cause un accident qui rend son appareil inutilisable ; incapable également d’appeler à l’aide, il entreprend de rallier le village le plus proche à pied. Il est attaqué par un grognon, un mammifère halpan des plus agressifs, et ne doit son salut qu’à l’intervention providentielle d’une jeune femme, Sharah, dont l’hénich a aussi été enlevée.
Chez Sharah, on apprend que la Sécurité planétaire vient de récupérer un troisième bébé hénich kidnappé qu’un généticien, Nay Sun, s’apprêtait à expédier hors-planète. Le père de Sharah explique aux deux jeunes que les hénichs sont convoités par les humains d’autres planètes pour le lien empathique qu’ils forgent ; mais ils ne survivent pas à l’exil de leur monde natal. Des généticiens sont donc à l’étude de la télépathie héniche, espérant trouver le gène responsable afin d’altérer d’autres espèces pour leur conférer cette faculté. Voilà pourquoi leurs partenaires ont été enlevés.
Carll et Sharah, de leur propre chef, vont explorer les laboratoires où travaillait Sun, espérant trouver trace de leurs hénichs. Leurs recherches les mèneront finalement à un laboratoire secret enfoui sous terre, où ils sauveront de justesse leurs compagnons.
Commentaires
La lecture de ce livre procure une impression de déjà-vu : ça rappelle la plupart des livres de SF de Jeunesse-Pop des cinq dernières années. Colonie humaine sur une planète à l’écologie différente, êtres indigènes intelligents et télépathes, complots, enquêtes, glisseurs… Des ingrédients valables en soi avec lesquels Martin n’a pas su produire quelque chose de bien extraordinaire.
Si le style du roman est correct quoique neutre, témoignant des progrès de l’auteur depuis ses débuts, le prologue au contraire est d’une gaucherie grammaticale et sémantique typique du Martin des premières années. Pourquoi les scientifiques fuyant le massacre par les Grrihs de la colonie de Cristobal se réfugient-ils sur Halpa ? Parce que « les humains connaissent deux choses des Grrihs, leurs ennemis depuis des années : leur cruauté et leur grande aversion pour le froid. » Franchement, c’est difficile d’être moins éloquent et moins convaincant.
Le livre vise les 10 à 12 ans ; à cet âge-là, on ne prête sans doute pas grande attention aux explications : on veut que ça bouge, que ça soit palpitant. Aussi, que l’intrigue soit invraisemblable ne devrait pas déranger les jeunes lecteurs. Sharah est toujours bien placée pour qu’un indice lui tombe tout rôti dans le bec, Carll décide de suivre des pistes évidentes auxquelles la Sécurité Planétaire ne pense même pas, ben quoi, y a rien là ; au moins Martin ne nous fait-il pas perdre de temps avec de longues descriptions. Un grognon a des yeux porcins, un groin et des défenses ; imaginez le reste vous-mêmes. Ne vous demandez pas ce que mangent ces mammifères, car Halpa n’est décrite qu’en termes de montagnes, de cavernes et d’étendues de neige. Ne vous demandez pas pourquoi une veuve et son fils vivent isolés dans un grand domaine stérile, comment la société des Halpans peut fonctionner et d’où viennent leurs ressources, comment au juste les planètes humaines sont parvenues à résister aux terribles Grrihs : ce que le roman nous dit doit être accepté tel quel, quand bien même on pourrait objecter que c’est tout l’aspect SF qui en souffre. Non pas tellement à cause du manque de culture scientifique de l’auteur, mais parce que les éléments SF sont subordonnés à la mise en place et aux rebondissements d’une intrigue chambranlante. La SF, ici, sert plus de béquille narrative que de moteur. Pour ceux d’entre nous qui l’aiment passionnément, c’est très triste.
J’ai beau frapper à coups redoublés sur ce livre, je me dois d’admettre que c’est un roman lisible, mettant en scène une relation humain-hénich dont on ne peut que rêver, et qui devrait donc plaire aux âges visés. J’ai lu des romans SF pour jeunes qui étaient vaseux et complaisants à souhait ; avec les mêmes matériaux, on aurait pu faire bien pire que Complot sur Halpa. Mais on aurait aussi pu faire tellement mieux… [YM]
- Source : L'ASFFQ 1998, Alire, p. 112-113.
Références
- Drolet, Jean-Denis, Lurelu, vol. 22, n˚ 1, p. 38.