À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Le curé d’une paroisse de Cologne reçoit un étranger mystérieux qui demande à se confesser. Refusant de s’agenouiller, il est néanmoins prêt à avouer ses nombreux péchés et à demander leur absolution. Quand le curé lui donne comme pénitence de se prosterner trois fois par jour vers l’Orient, pendant un an, en récitant une courte prière à Dieu et à la Vierge Marie, l’individu refuse et disparaît « au milieu d’un jet de flamme ».
Commentaires
Le titre de la nouvelle de Lucien Durèze, l’un des pseudonymes d’Eugène Achard, ne laisse aucun doute sur l’identité de l’inconnu qui se présente au confessionnal. L’auteur sème en outre quelques indices au fil du récit : l’individu a un teint basané mais il habite un pays que le soleil n’éclaire pas, il ne peut se mettre à genoux et avoue avoir plus de mille ans. Le curé ne comprend toujours pas qu’il est en présence du diable. Son manque de discernement enlève toute possibilité d’une empoignade philosophique qui aurait pu être épique. La portée du texte, dont la forme en majeure partie constituée d’un dialogue invitait à un tel débat, s’en trouve par le fait même amoindrie.
Il importe de souligner que la définition du mot « diable » est flottante. Parfois, le terme revêt une signification générale et représente tout simplement l’esprit du mal. En d’autres occasions, il est l’un des nombreux anges déchus qui ont suivi Lucifer, leur chef, en enfer. C’est l’un d’eux que le curé reçoit en confession. Ainsi, le diable est à la fois un et multiple. Le texte perpétue cette confusion puisqu’il s’agit ici d’un diable.
Le principal intérêt de la nouvelle repose sur l’ambiguïté de la démarche du suppôt de Satan. A-t-il vraiment l’intention d’accepter la pénitence imposée par le curé ? Veut-il tout simplement le mettre à l’épreuve ? On peut douter de sa sincérité car ce qui lui est demandé en échange du pardon de ses péchés est bien peu de choses. Devant le refus du diable, le lecteur se dit que le péché d’orgueil est le pire de tous les péchés capitaux et qu’il n’est pas exclusif à l’être humain. [CJ]