À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Célia Rosenberg, une prostituée juive, ramène dans sa petite chambre un officier SS allemand, Karl-Heinz Hausen. Pendant 36 heures en ce mois d’août 1940, dans un Paris occupé par les nazis, ils ne se quittent plus : ils font l’amour passionnément, marchent dans les parcs de la Ville lumière, visitent une exposition sur l’art égyptien au Louvre, montent dans la tour Eiffel. Célia ignore les regards réprobateurs des Parisiens qu’elle croise, vivant dans le déni de la réalité de la guerre et de la menace qui pèse sur les Juifs. Elle veut croire que l’amour peut transformer le monde, faire échec à la barbarie et insuffler une part d’humanité à un officier SS.
Emportée par la folie hitlérienne, Célia finit par découvrir le rôle de Karl-Heinz Hausen, qu’elle a épousé, et l’existence des camps de concentration et des chambres à gaz. Au cours de ces années tumultueuses, elle rencontre diverses personnes qu’elle a connues dans ses vies antérieures, que ce soit à l’époque des pharaons ou au Moyen Âge. Malgré tout, elle reste sourde à la voix intérieure qui lui dit : « Rappelle-toi, Célia Rosenberg. »
Des bribes de ses vies précédentes lui reviennent peu à peu, reflétant toute la complexité des sentiments humains, à mesure qu’elle approche de la mort qui l’attend à Auschwitz où l’exécution d’un résistant polonais qu’elle a connu dans une autre vie lui ouvre les yeux sur sa naïveté et son aveuglement volontaire. Cette mort est-elle la dernière étape de ses réincarnations successives ? Célia retrouve sur la planète Lambda de la constellation du Cygne son dernier amant, Piotr Jalski, le résistant polonais.
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Commentaires
J’ai lu La Constellation du Cygne au moment de sa parution en 1985 et en ai fait une critique dans le numéro 64 de Solaris. Tout en reconnaissant l’importance du thème de la réincarnation qui traverse le roman et celui de la mémoire, tout aussi fondamental, je concluais qu’il s’agissait avant tout d’un roman érotique explorant la passion amoureuse. Pour cette raison, je l’avais exclu du corpus des littératures de l’imaginaire.
Cependant, je n’ai jamais cessé de m’interroger régulièrement, au fil de trois décennies, sur la justesse de ma décision. J’ai donc relu le roman de Yolande Villemaire à l’été 2021 pour confirmer ou infirmer mon verdict. Je dois admettre que La Constellation du Cygne a tout à fait sa place dans le corpus fantastique en raison des nombreuses allusions aux vies antérieures de Célia Rosenberg. Roman fantastique plutôt que de science-fiction puisque le récit se déroule dans notre univers de référence (la Deuxième Guerre mondiale, le milieu des artistes à Paris sous l’Occupation). Point d’uchronie ici ou d’univers parallèles, les différentes incarnations de Célia se situant toutes en outre sur la Terre, sauf la dernière décrite sur quelques pages à la toute fin du livre.
Pour le reste, mon commentaire de 1985 est toujours pertinent, à mon avis. Le roman de Villemaire demeure, avec le recul, tout aussi actuel et séduisant. Son écriture envoûte, tel un mantra, et évoque celle de Marguerite Duras, tandis que l’ambiance érotique qui imprègne le récit n’est pas sans rappeler l’œuvre d’Henry Miller. [CJ]
Prix et mentions
Grand Prix du Journal de Montréal (Prose) 1985
Références
- Boisclair, Isabelle, Dictionnaire des œuvres littéraires du Québec VII, p. 161-162.
- Janelle, Claude, Solaris 64, p. 12.