À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Brikit, qui travaille sur Tramaine à produire des cristaux à haute énergie, vient de se faire « proucker » et il a peur. On poursuit ceux qui prouckent. Mais au fait, qu’est-ce que proucker ? La fille l’a simplement effleuré des lèvres avant de se sauver. Chez lui, il avoue tout à sa femme, Myriale, qui lui indique qu’elle-même a été prouckée il y a trois ans : ils étaient quatre, elle les a laissés entrer, elle ne savait pas…
Mort d’inquiétude, Brikit veut en parler à son compagnon de travail, mais n’y arrive pas. Puis il rencontre à nouveau la fille, il y a une intervention policière qui la désintègre purement et simplement, et ce flic qui l’enlève, qui sait qu’il est devenu un être de cristal et qui veut se servir de lui pour sauver sa fille. Brikit réussit cependant à échapper au fou… pour trouver un logis vide. Sa femme l’a quitté corps et biens pour retourner sur Chade, ne lui laissant qu’une arme, une adresse et une étrange pastille noire.
À l’adresse, Brikit rencontre Léa, celle qui forme le « cercle » et qui, de son centre, distribue la douleur et l’extase à ceux qui l’entourent, pastille au front. Soudain, Brikit comprend qu’il n’a pas proucké, que tout est une vaste machination.
Commentaires
Étrange texte que ce « Contagion ». D’abord par son absence de rythme et de suspense – pour le suspense, ça ressemble à une marque de commerce chez Lamontagne –, ensuite par l’espèce de confusion qui recouvre la dernière partie. Tout n’est pas très clair dans cette histoire qui semble un rassemblement d’idées éparses plutôt qu’un texte véritablement structuré.
Beaucoup de choses, donc, dans « Contagion », avec comme liant cette histoire de "prouckage". L’idée d’une action inconnue et pourtant répandue est intéressante et a été maintes fois utilisée chez nos collègues américains, on pense à Sheckley, pour n’en citer qu’un. Michel Lamontagne s’en sert comme élément de psychose collective. Dans le fond, tous ont été prouckés mais seul les plus impressionnables ont véritablement usé de la pastille et du cercle. Les équivalences du prouckage dans notre société, sur un mode moins dramatique, se trouveraient dans la publicité : nous y sommes tous confrontés mais seuls les plus faibles se laissent manipuler par elles et consomment à tors et à travers. Il y a aussi tout le contexte de planète-colonie qui est développé, celui d’une technique intéressante de production de cristaux à partir d’électrode fixé au dos d’un travailleur, la fausse piste des êtres de cristal qui envahirait les hommes, le rappel de l’état de peur permanent des gens face à un virus ou à une épidémie, etc.
Mais là où tout accroche, c’est sur les motivations de l’ensemble de la machination et sur celle du texte. Que veut nous dire Lamontagne au bout de ces longues pages ? Je n’arrive pas à cerner le propos, l’intérêt de la lecture. Encore, s’il y avait suspense, action ou débordement de l’imaginaire, le lecteur pourrait se dire qu’il a passé un bon moment ; s’il y avait éclatement de l’écriture, poésie de la prose ou structure tarabiscotée serait-il capable de prétendre avoir aimé ou détesté. Mais non, rien de tout cela, qu’un texte à l’imaginaire compétent, à l’écriture compétente.
René Beaulieu, l’année dernière, dans une critique d’un autre texte de Michel Lamontagne, parlait de survol et non d’approfondissement. C’est peut-être la formulation idéale que l’on pourrait plaquer sur « Contagion ». [JPw]
- Source : L'ASFFQ 1989, Le Passeur, p. 106-107.