À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Un puissant sachem veut marier sa fille à un guerrier de sa tribu, Parpartis, pour assurer sa succession. Or Ouaskaouaï ne l’aime pas et le trouve laid. Elle lui préfère le prince Ouakinakan, pour sa beauté et parce qu’il parle le latin. Contrainte par son père d’épouser Parpartis, la jeune fille est placée devant un choix déchirant : ou elle se tue, ou Ouakinakan tue celui qu’elle doit épouser, ce qu’il fait. Kitsé-manito, l’empereur des bons génies et protecteur de Parpartis, métamorphose la jeune fille en bouleau et Ouakinakan en mélèze, tandis que Parpartis est transformé en pic rouge.
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Commentaires
Georges Bugnet adopte dans ce texte la position de l’analyste et se pose en exégète de ce conte inspiré d’une légende amérindienne en comparant l’interprétation des historiens au sujet de certains passages qui les divisent. Cette posture, inhabituelle dans l’univers du conte, ajoute une couche de vraisemblance à un récit pourtant hautement merveilleux. En revanche, le texte y perd en spontanéité et en naïveté.
Il y a un aspect, cependant, qui m’agace dans ce récit. Si le titre de sachem est approprié pour désigner le chef d’une nation amérindienne, les termes « rois » et « prince » m’apparaissent une trahison envers la culture des Premières Nations et leur emploi s’apparente à une entreprise d’assimilation à la culture européenne.
Cela dit, la langue de Georges Bugnet est soignée et coule de source. Très bien présentés, les enjeux suivent un arc dramatique qui a des accents de tragédie grecque. Les sentiments sont si exacerbés et les personnages si entiers dans la recherche de leur bonheur que le drame est inévitable. En outre, ils sont les jouets de forces qui les dépassent : s’y dessine en filigrane une guerre larvée entre l’empereur des bons génies, Kitsé-manito, et l’enchanteur Matimanito, l’empereur des mauvais esprits. La princesse Ouaskouaï est forcée par son père d’épouser un homme qu’elle n’aime pas mais qui est foncièrement bon. La jeune fille fait face à un dilemme : doit-elle choisir l’amour ou la raison d’État ? Épouser Ouakinakan, c’est faire preuve d’égoïsme. Choisir Parpartis, c’est renoncer à l’amour et se mettre au service de son peuple pour assurer sa survie.
L’auteur conclut le conte en faisant montre de respect pour le lecteur. L’empereur des bons génies ne se contente pas de transformer en arbres, grâce à un coup de baguette magique, les deux coupables. Il explique les caractéristiques du bouleau et du mélèze qui s’approprient l’apparence physique d’Ouaskouaï et d’Ouskinakan. [CJ]