À propos de cette édition

Éditeur
Planète rebelle
Genre
Hybride
Longueur
Recueil
Format
Livre
Pagination
50
Lieu
Montréal
Année de parution
2000
ISBN
9782225282194
Support
Papier + CD

Résumé/Sommaire

Commentaires

Dans ce recueil, Renée Robitaille nous offre avec humour et intelligence six contes mettant en scène «…les secrets du désir, les plaisirs de l’amour et la coquetterie des corps ». Si l’inspiration de ces récits provient de sources anciennes, l’auteure a voulu soumettre ces histoires de « flûtes à moustaches et de puits délicieux » à une réécriture, autant pour les adapter à la culture québécoise que pour leur conférer une couleur féminine. Le résultat est une réussite totale car l’écrivaine est parvenue à respecter les contraintes narratives du conte oral (quête, répétitions, morale finale) tout en y introduisant des formes plus modernes : « La petite Nitouche empoigna son ami par le bras et ils refirent le conte à l’envers… »

Parmi les contes présentés, trois appartiennent au merveilleux car ils font intervenir des éléments associés à la magie : fées, poudre magique et oiseau qui pond un œuf d’or. Il s’agit du « Chevalier qui faisait parler la bouche d’en bas », de « La Danse des sexes » et du « Laboureur de sillons mouillés ». Cette nomenclature est moins évidente pour les autres récits. Par exemple, dans « Le Curé Frelon », la présence du diable est évoquée mais de manière accessoire, le démon libidineux dissimulant une personne en chair et en os. « Nitouche » et « Josaphat » semblent se situer plus près de la farce et se contentent d’obéir à un scénario classique : une ingénue est initiée à l’amour par un partenaire rusé et expérimenté.

Si on veut trouver le merveilleux dans l’ensemble des récits, il faut le chercher dans une caractéristique précise du conte traditionnel : le pouvoir « magique » d’animer les objets, de leur accorder une vie et une personnalité qui leur sont propres. Bien entendu, cet anthropomorphisme, Renée Robitaille l’applique à un domaine précis : la sexualité. Ainsi, « La Danse des sexes » verra trois de ses personnages perdre leurs parties génitales qui se livreront à une farandole effrénée. Contrairement à la pornographie où l’objet sexuel est isolé afin d’être réduit à une fonctionnalité mécanique, cette opération permet au récit de passer à un registre comique et jubilatoire où le voyeurisme est conduit ailleurs. Le personnage sera non seulement dévoilé dans son corps mais aussi dans ses désirs et ses faiblesses.

Autre bénéfice, l’individu « délivré » de son sexe est pour ainsi dire absous de toute culpabilité puisque lui et sa libido forment deux êtres à part, absolution qui s’étend jusqu’à un certain point au lecteur. D’où la morale « amorale » concluant le conte et mettant en relief la sexualité dans sa panoplie extérieure et sa truculence, manifestations qui échappent à la volonté du sujet : « On dit que c’est depuis ce temps-là que les hommes laissent la couture aux femmes. Certains disent que c’est une question de patience, d’autres affirment plutôt que ça serait une question d’aiguillon, mais ça, ce n’est pas de mes affaires… »

Le livre de Renée Robitaille vient accompagné d’un CD qui permet d’apprécier en spectacle l’immense talent de la conteuse. L’affirmation selon laquelle c’est à travers la parole que le conte prend toute sa richesse est ici vérifiée et a pour preuve manifeste la complicité qui lie l’artiste à son public. [ML]

  • Source : L'ASFFQ 2000, Alire, p. 145-146.

Références

  • Chartrand, Robert, Le Devoir, 23/24-12-2000, p. D 3.
  • Péan, La Presse, 14-01-2001, p. B2.