Contrition

Adam Guimont raconte quelques épisodes de sa vie. Atteint dès sa naissance de vampirisme – une maladie physique et mentale, pas une affliction surnaturelle –, il aura commis deux meurtres, dont celui de son père, mais jamais il n’en a été soupçonné. Carla, la femme qu’il a épousée (à l’insistance de sa mère, car il n’éprouve aucun désir sexuel), lui a donné deux enfants. Ce matin, Carla les a tués tous les deux avant de s’abreuver de leur sang. Car Adam a épousé une vampire sans le savoir. Horrifié, il tue Carla mais ne peut s’empêcher de boire son sang par la même occasion. Puis il se suicide, laissant un manuscrit à la police.

David Simard est encore très jeune, ce qui m’incite à lui pardonner le chapelet de maladresses contenues dans ce texte. La construction est bancale, le rythme est défaillant et le style manque d’assurance. Mais Simard s’adresse à un public qui se fiche éperdument de ce genre de détail. Peu importe que les réactions d’un personnage soient crédibles ou non, peu importe le caractère outrancier d’une coïncidence, ce qui compte, ce sont les descriptions de la fascination morbide pour le sang, c’est de voir le protagoniste tuer, tuer encore, sans pouvoir s’en empêcher. Toutes choses qu’on a déjà vues et lues ailleurs – mais justement : « Contrition » s’adresse à ceux qui veulent avoir la même chose que Interview with the Vampire mais avec des noms différents. En ce sens, je suppose que ça marche.

Tout de même… Adam, né en 1964, n’avait jamais entendu parler de vampires avant l’âge de dix-sept ans. Il faut dire qu’il vit en région et que sa mère lui interdisait normalement de regarder « les vues » en soirée ! Tout cela parce qu’il ne fallait pas qu’Adam sache qu’il était un vampire avant d’avoir commis son premier meurtre. Enfin.

Quand David Simard aura fait le tour du fantastique et un peu vieilli, il nous offrira peut-être des textes plus originaux et mieux construits. [YM]

• Source : L'ASFFQ 1997, Alire, p. 166.