À propos de cette édition

Éditeur
Maclean Hunter
Genre
Fantastique
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Châtelaine, vol. III, n˚ 10
Pagination
28-29 ; 92-99
Lieu
Montréal
Année de parution
1962

Résumé/Sommaire

Un beau matin, les habitants de Saint-Félix se rendent compte que le coq juché sur le clocher de l’église a disparu. On soupçonne d’abord un antiquaire de passage, puis le garagiste, on drague le fond de la rivière qui traverse le hameau, mais chou blanc, on ne le retrouve pas. Jusqu’au jour où le curé aperçoit le disparu qui se pavane à proximité d’un poulailler. Comment est-il arrivé là, et surtout, qu’y fait-il ? Comment s’assurer enfin qu’il restera installé là où perchent d’habitude les coqs de clocher ?

Commentaires

Jean Deschênes reprend dans ce conte de facture traditionnelle la structure et les ingrédients d’une histoire à succès de notre folklore. Mais de manière personnelle. Pas question en effet qu’intervienne le Diable ou que triomphe la morale chrétienne. Ici, le seul élément fantastique, qui ne se révèle d’ailleurs qu’à la toute fin, c’est que l’animal de tôle décide de lui-même de descendre du clocher pour découvrir les bonheurs de faire le coq et de séduire les poules. Dès lors, rien ne peut plus le retenir sur le clocher. En désespoir de cause, le curé se résout à le vendre à un antiquaire de la grande ville, où le lecteur sourit en songeant qu’il aura pleine liberté pour courir la prétentaine.

Comme la trame narrative, les personnages sont des archétypes folkloriques : le curé, le maire, le cultivateur rusé, le forgeron un peu louche, sa matrone imposante, voire intimidante, le nouveau venu qu’on tient à distance parce qu’étranger. Même chose pour le cadre, autant la nature que le village. Deschênes adopte un ton plaisant, goguenard, où pointe une ironie fine. Un peu à la manière de Rodolphe Girard presque soixante ans avant lui (dans Marie Calumet), il récupère les symboles religieux et les croyances phares de la vie rurale traditionnelle pour mieux les remettre dans une perspective profane.

Enfin, soulignons que c’est écrit d’une manière irréprochable, dans un français riche et vivant mais sans prétention, dont nombre d’auteurs contemporains auraient intérêt à s’inspirer. [RG]

  • Source : La Décennie charnière (1960-1969), Alire, p. 66-67.