À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Vingt ans après leur voyage de noces, Jacques et Marie font une halte à Saint-Jean-Port-Joli. À la faveur d’une insomnie, Jacques fait la rencontre d’une jeune femme qui ressemble en tout point à la Marie qu’il a connue une vingtaine d’années auparavant. Après une nuit d’amour, l’inconnue disparaît. Jacques, qui reconnaît alors en l’inconnue la coureuse de grèves, une créature légendaire, retrouve sa femme à l’hôtel. Tous deux sont devenus des vieillards.
Commentaires
Le thème mis à l’honneur dans ce récit, le vieillissement accéléré des personnages – qui est aussi exploité cette année par Jean Pettigrew, entre autres – et constamment associé au fantastique, ne peut être taxé d’original. C’est l’écriture qui assure ici la nouveauté du récit. « La Coureuse des grèves » est riche en évocations poétiques, en notations fluides. À la différence de ce qui se produit dans la plupart des textes qui tout à la fois se réclament du fantastique et misent sur la puissance incantatoire de l’image et du rythme, la poésie de « La Coureuse des grèves » ne combat pas la fantasticité, mais s’ajoute à elle, comme une sorte d’aura.
Malgré sa brièveté, ce texte comporte plusieurs passages descriptifs qui produisent un effet de réalisme prononcé. Le village, l’église, le cimetière, la route, le quai, tout est décrit avec une concision qui n’exclut pas une certaine minutie. Sur ce fond de scène banal, familier au lecteur, le fantastique se détache avec éclat et fait l’effet d’une grâce… jusqu’au sortilège final. [LM]
- Source : L'ASFFQ 1991, Le Passeur, p. 54.