Cristal magique (Le)

Bien endormie dans une tente, Maude rêve qu’elle réclame à l’Artisan des rêves un cristal dans lequel sont enfermés tous ses songes. Au réveil, une boule de verre est dans sa main et, dès lors, tout ce qu’elle voit en rêve se réalise. Le problème, c’est que ses fantaisies nocturnes sont parfois souhaitables, parfois catastrophiques, et qu’il arrive qu’elle ne se les rappelle même plus. Avec l’aide de son ami Étienne, elle tente de faire en sorte que les malheurs imaginés soient évités. Ils parviennent ainsi à prévenir les pompiers avant qu’une explosion se produise ou qu’un feu ait lieu.

Semblant coupables de ces méfaits qu’ils n’auraient vraisemblablement pu prévoir qu’en les perpétrant, les amis justifient les faits par des prémonitions qu’aurait Maude, taisant l’existence du cristal prodigieux. Pour mettre fin à cette magie, il est impératif que Maude retourne l’objet fabuleux dans le monde des rêves, mais il lui faut d’abord le récupérer, après qu’il eût été avalé par un chien, et traverser en songe un lieu d’illusions, de personnages étranges et de pouvoirs surnaturels.

Ce roman fantastique s’appuyant sur le thème des rêves incite à se méfier de ceux-ci. Il s’attache aux conséquences qu’aurait leur réalisation en abordant du coup le sujet des prémonitions et de l’influence que nous avons sur l’avenir. Ainsi, la nécessité de prévoir ou de réparer les conséquences des rêves s’ajoute à la quête menée pour se débarrasser du cristal. De multiples complications découlant de la possession du cristal magique parviennent donc à maintenir l’intérêt du récit.

Le texte intègre également des éléments merveilleux et surnaturels à cette histoire où un lien tangible entre le réel et le monde des rêves se matérialise par le cristal magique. Deux personnages de l’histoire, l’Artisan et le Maître des rêves, semblent d’ailleurs inspirés à la fois de la mythologie et des contes merveilleux. Les prémonitions dont Maude serait prétendument dépositaire sont pour leur part une explication paranormale inventée, mais semblant plus crédible pour l’entourage des protagonistes que le pouvoir magique d’une boule de verre. En intriquant ces diverses influences, le livre développe une proposition différente du déjà-lu.

À propos du texte toutefois, l’écriture descriptive, doublée d’une narration dépeignant la situation avec détachement, nuit à l’empathie qui pourrait être développée à l’égard des personnages et de leurs épreuves. De même, au fil du texte, des mots tordus ou inventés sont peu présents, mais apparents et lassants (« esquetristé » p. 39, « adolinquance » p. 42), parfois même datés (« archicapotant » p. 57). Le style généralement terne, mais parfois exubérant, compromet donc l’efficacité du roman.

Tout de même, le livre cadre bien dans cette collection où des histoires simples mettent en vedette des héros auxquels les jeunes peuvent s’identifier. Il bénéficie en plus d’une intrigue où les actions s’enchaînent et conduisent la situation à évoluer et à se transformer. Mentionnons finalement que chaque livre de la collection offre une liste des personnages en début de volume afin que lecteur s’y retrouve au besoin. [SD]

• Source : L'ASFFQ 1995, Alire, p. 152-153.

• Champagne, Louise, Lurelu, vol. 19, n˚ 2, p. 24.