À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Benoît et sa sœur aînée Véronique font une croisière d’un après-midi sur le lac Memphrémagog. Homère, un vieux matelot, les convie à visiter la timonerie. Ils se retrouvent par magie à bord d’une épave au fond de l’eau. Le vieux matelot leur affirme être le grand poète Homère, contraint par la malédiction de Poséidon à errer sur Terre à différentes époques à la recherche du bouclier d’Achille. Benoît et Véronique entreprennent de l’aider dans sa tâche.
Menacés par des Opabinia géants (des invertébrés du cambrien), les enfants se réfugient dans une huître-bénitier dont ils auront bien du mal à sortir. Puis un poisson sympathique (on découvrira que c’est Athéna, transformée) aide Benoît à découvrir l’entrée d’un temple de Poséidon. Le sol du temple se dérobe sous leurs pas et tous trois atterrissent dans un labyrinthe où leurs rêves et cauchemars prennent corps. Après maintes péripéties, Homère affronte Poséidon dans un duel de poésie improvisée, sous le regard des dieux de l’Olympe. Le mortel triomphe du dieu ; ce faisant, il accepte de redevenir le vieillard aveugle qu’il était. Ses yeux sont donc brûlés par la foudre, mais Zeus lui aura indiqué où se trouvait le bouclier, que les enfants peuvent enfin récupérer.
Benoît reprend conscience alors qu’on le hisse hors du lac. Il se rappelle à peine des dix dernières années : sa sœur morte noyée alors qu’ils étaient à la pêche, ses études, son mariage…
Commentaires
André Marquis, nous affirme la quatrième de couverture, aime bien mélanger humour et horreur. C’est une mixture qui semble fort populaire ces temps-ci, du moins auprès des auteurs, mais ceux-ci ne se rendent souvent pas compte de la difficulté à réussir ces œuvres mi-chair mi-poisson.
Le problème est encore plus aigu dans le cas de Croisière au fond du lac, du fait de la désinvolture quasi totale de sa narration. Il faudra bien finir par nommer officiellement ce genre qui n’est ni de la SF ni du fantastique, mais en pratique un salmigondis de péripéties fréquemment ridicules, de blagues vaguement pudibondes qui évoquent le style de la Bibliothèque Verte, d’événements grotesques et sanglants traités comme un autre genre d’humour. Du NQ, pour N’importe Quoi ?
Pourtant, il y a du bon NQ ; une histoire fantaisiste n’est pas forcément pour me déplaire, je vous l’assure. Et j’étais prêt, après la transition assez cahoteuse au navire englouti, à faire un tour de manège avec André Marquis. Je m’amusais bien, même quand on me parlait d’une araignée aux yeux injectés de sang (!). Mais j’ai mes limites : quand Homère se fait brûler les yeux, Benoît est outré ; comment décrit-il la chair calcinée du visage du vieux poète ? « Il ressemblait maintenant à un raton laveur ou à Zorro. » Cela s’appelle briser l’atmosphère, monsieur Marquis.
En fait, NQ n’est pas le meilleur sigle pour désigner les romans de ce genre. Ils sont, je crois, de façon beaucoup plus banale et beaucoup plus triste, un succédané de l’expérience télévisuelle. Les aventures sans grande logique des protagonistes, eux-mêmes remarquablement passifs, c’est l’équivalent du zapping à la pitonneuse. Le mélange d’horreur et d’humour, c’est comme quand, entre deux reportages sur les massacres en Bosnie ou au Rwanda, Claude Meunier nous rappelle qu’aujourd’hui, c’est Pepsi. Ce roman et les autres du même acabit s’adressent à une génération qui ne peut plus envisager le monde que comme des images amusantes derrière un écran de verre. Au fond, Croisière… est une réussite totale : les lecteurs de cette génération n’auront pas le temps de s’y ennuyer, et c’est tout ce qu’ils demandent, pas vrai ? [YM]
- Source : L'ASFFQ 1999, Alire, p. 109-110.
Références
- Laroche, Louis, Lurelu, vol. 22, n˚ 2, p. 42.