À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Pendant une saison de tempêtes et de naufrages, un Christ taillé dans le bois est porté par la houle jusqu’au village côtier de Saint-Marien. Le curé commande au charpentier une croix de bois pour remplacer celle qui a dû se perdre dans le naufrage. Mais Jésus tombe mystérieusement de cette croix. Le curé recueille des dons pour fabriquer une plus belle croix, dont le Christ s’arrache à nouveau. Même une croix d’argent et de pierreries est dédaignée. Jusqu’au jour où un simple d’esprit s’imagine avoir trouvé la bonne croix sur la grève. Le curé fait taire les sceptiques qui ont reconnu l’étambot d’une barque. Le Christ est fixé à cette croix de fortune dont il ne tombera jamais plus.
Commentaires
Nous sommes clairement ici dans le surnaturel religieux, par le biais d’une nouvelle bien écrite, mais à l’atmosphère assez désuète. Le récit a un cadre : le grand-père du narrateur lui a conté l’histoire et il ne sait qu’en penser. Cette introduction, ainsi que la citation du Livre de la Sagesse en épigraphe « Chacun se façonne un Dieu » (en latin, s’il vous plaît ! Je ne jure pas de la fidélité de la traduction que j’ai dénichée sur le web…), pourraient avoir comme fonction de nous distancier de l’œuvre, de la situer comme un pastiche plutôt qu’une profession de foi.
Je ne suis pas du genre à m’extasier devant des descriptions de miracles guère plus convaincants que les idoles qui pleurent ou le visage du Seigneur apparaissant sur une tortilla trop cuite. Par contre, je reconnais que le motif des belles croix rejetées au profit d’une croix misérable, tout prévisible soit-il, est touchant. Le symbole est on ne peut plus clair, sans que l’auteur n’enfonce le clou (ahem) plus qu’il n’est nécessaire. « La Croix de Saint-Marien » est un texte sympathique, mais davantage un exercice de style qu’une œuvre mémorable. [YM]
- Source : L'ASFFQ 1995, Alire, p. 190-191.