À propos de cette édition

Éditeur
L'Écho des campagnes
Genre
Fantastique
Longueur
Feuilleton
Paru dans
L'Écho des campagnes, vol. II, n˚ 2
Pagination
1
Lieu
Berthier
Date de parution
25 novembre 1847

Résumé/Sommaire

Afin d’aider des voyageurs canadiens à échapper à une embuscade iroquoise, une dame blanche – sorte de Vierge Marie – apparaît sur la pointe d’un canot d’écorce et guide les gens en lieu sûr. La surnature divine vient au secours de la nature humaine en danger.

Commentaires

Ce conte se passe le long de la rivière des Outaouais, dans les pays d’en haut. Le récit commence lentement, le narrateur s’abandonnant au plaisir de décrire de manière quasi ethnographique le pays dans ses moindres détails. Ainsi, après donc une longue description du paysage, on en arrive à un portrait du Canadien des pays d’en haut : « insouciant », brave, et qui aime raconter des histoires de toutes sortes, dont des contes et des légendes.

Après cette introduction, le discours plonge dans le passé, « du temps des Français ». Le conteur rappelle les exploits des Canadiens d’alors contre les Indiens, qu’il appelle les sauvages. Puis il parle des Iroquois qui semblent seuls résister à la charge des Canadiens et des Français. Enfin, il présente la figure légendaire de ce récit, Cadieux : « le plus brave des coureurs de bois », « le plus habile ».

Dans les pages qui suivent, le récit demeure tout à fait réaliste : on y décrit la descente de la rivière ; rien ici pour intéresser le merveilleux ou le fantastique, sinon que l’on constate que le conteur prend encore plaisir à noter des détails vrais et vraisemblables qui montrent bien que l’on se trouve dans la réalité la plus crue, la plus terre à terre. C’est un procédé qui permet d’asseoir la réalité de ce qui est représenté puis de préparer un choc, une complication, une sorte de cassure dans le texte par l’intervention de l’étrange ou du surnaturel : l’apparition d’une dame blanche avec une couronne de lumière. On devine tout de suite qu’il s’agit de la Sainte Vierge qui vient aider les bons chrétiens en danger que sont les Canadiens. Le discours est donc très proche du mythe de l’intervention des dieux (ou ici de la mère de Dieu) dans la vie des hommes.

À la suite de cette apparition, les voyageurs sont littéralement « émerveillés » et ils croient qu’ils ont été les bénéficiaires d’un « miracle ». Pour eux, c’est littéralement la main de Dieu ou de la Vierge que cette « main surnaturelle » qui les a aidés.

Quant aux Indiens, ils voient eux aussi cette apparition, mais ils sont glacés de terreur. Cette incidence de la terreur n’est pas un indice de fantastique, car les Indiens ne manifestent pas de résistance rationnelle à l’étrange. Bien au contraire, ils adhèrent à la vision qu’ils prennent pour la réalité et, effectivement, dans ce conte légendaire, l’apparition est représentée comme étant vue par tous les personnages, chrétiens et païens – sauf par Cadieux, car il n’est pas sur les lieux de l’apparition.

Dans la séquence de l’arrivée à Montréal, les voyageurs continuent de raconter leur histoire de l’apparition de la dame blanche au gouverneur de la ville. Ce à quoi le gouverneur ne réagit pas du tout, considérant sans doute que cela est tout à fait naturel, ou normal, ou possible… Sa résolution consiste simplement à vouloir aider les voyageurs à partir à la recherche de Cadieux, perdu en chemin, au cours des combats contre les Iroquois.

Là, à nouveau dans la forêt, il y a une dernière apparition, mais tout à fait naturelle : Cadieux « apparut entre les rochers », mais en chair et en os, et pour mourir presque aussitôt.

Le tout se termine sur une morale très simple et claire : en mémoire de ce fait extraordinaire, on élève une croix, dans ce qui est devenu un « lieu sacré », croix et lieu sacré étant symboles de la croyance totale dans les choses de l’au-delà.

Cette légende baigne entièrement dans une atmosphère mythique et épique, en raison du contact de cette créature divine ou surnaturelle avec les hommes. Le texte appartient au merveilleux chrétien. [MLo]

  • Source : Le XIXe siècle fantastique en Amérique française, Alire, p. 131-133.