À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
La planète Ataman « vit dans toutes les mémoires pour resurgir au bon moment ». Ce bon moment, c’est « quand le mal a frappé ». Et ce mal, c’est la peur. Subitement atteinte, une Terrienne est emmenée sur Ataman. On la conduit à Jerrylee, ville « simulacre » et « contrefacteur de peur ». Et le traitement débute, car Ataman est un gigantesque hôpital psychiatrique…
Commentaires
Un texte sur la peur. Sur, dis-je bien. Ce n’est pas un récit d’épouvante.
Il y a longtemps, j’ai demandé à un ami s’il avait lu le petit roman de B. R. Bruss intitulé Nous avons tous peur – œuvre d’un intérêt très moyen, par ailleurs – et il m’avait répondu : "Non. Mais ce titre, quel euphémisme !"
Si la peur a engendré l’horreur en littérature et au cinéma, c’est probablement que ce sentiment est le plus fréquent, le plus profond, le plus démobilisateur et le plus détestable que l’être humain puisse éprouver. Excellent sujet pour un récit, donc.
Marie-Claire Lemaire (malencontreusement rebaptisée Marie-Claude Lemaire par l’équipe de L’Année… dans l’édition 88 – toutes nos excuses !) a écrit là un texte intense et pathétique, qui toutefois aurait été beaucoup plus poignant, et meilleur, si son thème avait mieux été circonscrit. Personnellement je le trouve un peu confus – trop court aussi –, et cela me désole en tant que lecteur.
Ce que je retire de cette nouvelle, ce n’est pas tant la description de Jerrylee, microcosme urbain simulant toutes les terreurs de l’existence en société, mais surtout une idée à peine esquissée lorsqu’il y est question de la vie sur Terre.
Dans un monde devenu aussi inoxydable que ces vedettes tous azimuts qui nous jettent leur poudre aux yeux depuis le début des années 80, la peur et l’angoisse seront-elles un jour considérées comme des tares et, en conséquence, les angoissés seront-ils traités comme des indésirables à psychiatriser au plus sacrant ? Perspective d’autant plus horrible que… rappelons-nous le titre du livre de B. R. Bruss…
Moins réussi que « Les Fenêtres » et « Coin de jardin au-dessus de Sarrapolis », précédents textes de Marie-Claire Lemaire publiés successivement en 87 et 88, « La Cure » n’est cependant pas moins intéressant que ces deux-là. À lui seul il suffirait à nous convaincre que cette auteure a des choses originales à nous donner en cadeau. De même qu’il est là pour nous faire regretter la parcimonie caractérisant son rythme de publication. [DC]
- Source : L'ASFFQ 1989, Le Passeur, p. 119-120.