À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Un homme s’aventure dans un parc situé hors de son quartier. Des incidents étranges s’y produisent, des mutilations que s’infligent des personnes qui disparaissent aussitôt. Les habitués du parc n’en font aucun cas. Quand l’homme, paniqué, trébuche dans une rocaille en s’enfuyant, des femmes le lapident.
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« Dames au parc devant un inconnu » est une nouvelle fantastique qui flirte avec le surréalisme. On dirait un croisement de Roch Carrier et de Marie José Thériault. La nouvelle de Michel Dufour, comme dans les contes brefs de Jolis Deuils, contient une petite morale. Il est question ici de l’extrême indifférence des individus à la douleur ou à la détresse des autres, d’une part, et de l’indéfendable intolérance de ces dames à l’égard de tout ce qui dérange l’ordre de leur petit monde, d’autre part.
La cruauté de ces femmes qui lapident l’inconnu, étranger aux codes qui régissent cet espace qui ne lui est pas familier, rappelle les agissements des personnages féminins de Marie José Thériault dans La Cérémonie.
Ce que nous dit l’auteur dans cette nouvelle – et son recueil –, c’est que la vie moderne a déshumanisé les individus qui ne sont plus capables d’empathie face à la détresse humaine, sauf ceux qui s’adonnent à la lecture peut-être, comme l’homme lapidé. La lecture, acte solitaire, est paradoxalement le dernier refuge de la sensibilité de l’individu en tant qu’être social.
Cette nouvelle est toutefois peu représentative du recueil en raison de son caractère surréaliste – ailleurs, les nouvelles font référence à des situations très réalistes ou à des conditions de vie propres à des régimes totalitaires – et de l’absence de références musicales qui ponctuent plusieurs textes, la musique étant perçue comme un rempart contre la laideur et la barbarie du monde extérieur. D’où le titre du recueil.
Michel Dufour fait partie de ces nouvellistes (avec Bertrand Bergeron, Gilles Pellerin, Hugues Corriveau) regroupés autour de L’instant même qui ont été fort actifs dans les années 1980 et 1990, particulièrement en fantastique, mais qui se font très discrets depuis le début du XXIe siècle. Michel Dufour, pour sa part, a délaissé la nouvelle au profit du roman (réaliste). [CJ]
- Source : L'ASFFQ 1995, Alire, p. 82.