À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
La narratrice est invitée par Maliq-le-minable, un confrère de travail du village de L’Imprimerie, à l’accompagner dans un voyage en train. Destination : la forêt de vitrail. Par la suite, au fil des ans, de plus en plus de villageois prennent plaisir à visiter cette région. Un jour, tout le village prend place à bord du train qui, contrairement aux années antérieures, traverse complètement la forêt et débouche sur un centre.
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« Dans la forêt de vitrail », qui fait partie du Cycle du Labyrinthe, convie le lecteur à découvrir une nouvelle manière d’atteindre le centre. Ici, c’est le déclenchement d’une émotion esthétique d’une grande qualité (par l’entremise de la vue) qui fait accéder l’être à une révélation spirituelle. La beauté se met donc au service de la spiritualité.
Dans les autres nouvelles d’Esther Rochon, les personnages recherchaient activement le centre. Dans celle-ci, les gens ne ressentent pas ce besoin. Quand ils atteindront le centre, ce sera pratiquement à leur corps défendant, par l’intermédiaire d’un guide.
Le centre représente dans l’œuvre d’Esther Rochon le stade de l’illumination bouddhique, d’où la blancheur éclatante qui constitue la dernière image de la nouvelle. Le passage à travers la lumière est synonyme de renoncement au désir matériel inutile mais aussi de renaissance. C’est pourquoi les gens qui ont trouvé le centre en reviennent toujours.
« Dans la forêt de vitrail » est aussi une des nouvelles qui complètent le mieux notre vision du Labyrinthe. L’auteure rend ce monde plus concret, notamment en expliquant le fonctionnement du traversier, même si elle n’exploite pas tout ce qu’elle dévoile (le village de L’Imprimerie).
Elle est plutôt attirée par la quête et l’utilisation de la lumière, préoccupation à laquelle elle accorde un soin méticuleux. La qualité du texte repose sur la très grande force poétique et esthétique des images, sur l’abondance de descriptions détaillées, sur la précision du vocabulaire propre au monde visuel, aux couleurs et aux nuances. En lisant ce texte, on a l’impression de déambuler à travers un vitrail de Chagall et d’en sentir tous les détails.
La nouvelle d’Esther Rochon utilise habilement la dialectique de l’ombre et de la lumière, le contraste entre les personnages (quotidiens, ternes, ordinaires) et la forêt de vitrail (comme valorisation de la beauté). Rarement l’auteure aura-t-elle été aussi explicite et critique face à la structure sociale qui nuit aux relations entre les personnages, les empêche de communiquer. La pression des différences sociales s’estompe quand le monde extérieur disparaît, au moment du passage du train dans le tunnel par exemple.
Il est possible que la dimension symbolique des personnages, et particulièrement celle du conducteur du train, célèbre figure du panthéon bouddhique, échappe au lecteur peu familier avec l’enseignement et les écrits orientaux. C’est là le seul défaut de cette nouvelle, un des textes les plus beaux et les plus maîtrisés d’Esther Rochon, sans être nécessairement le plus important. [RB]
- Source : L'ASFFQ 1986, Le Passeur, p. 121.
Prix et mentions
Grand Prix de la science-fiction et du fantastique québécois 1987