À propos de cette édition

Éditeur
F.-A. Baillairgé
Genre
Fantastique
Longueur
Courte nouvelle
Paru dans
L'Étudiant, vol. III, n˚ 23
Pagination
41-43
Lieu
Joliette
Année de parution
1887

Résumé/Sommaire

Le Crime et le Remords, incarnés, se cherchent l’un l’autre pour se venger. Ils se rencontrent dans la nuit, s’accusent mutuellement de leurs tourments, et s’affrontent en un combat singulier. Le Remords triomphe, mais dès qu’il se relève il est pris d’angoisse. Il s’enfuit, persuadé que sa victime le poursuit. Ayant sans le savoir couru en cercle, il se retrouve devant le cadavre du Crime. Il sombre dans la folie.

Autres parutions

Commentaires

Puisque ce court texte se sous-titre lui-même « conte fantastique », il faut bien en parler. Mais, sans cette indication, j’aurais eu peine à le classer. J’aurais penché pour l’allégorie, quoique le premier degré soit si évident, si immédiat, qu’il fait écran à la deuxième lecture. Les idées de crime et de remords sont personnifiées, leurs personnages décrits physiquement. Le premier est un monstre au souffle ardent, aux dents grinçantes, un être dont le regard brûle tout et dont la chevelure noire se tord « comme les serpents des Furies », tandis que le second, « échevelé, livide, se déchirant la poitrine », est décrit lapidairement (mais de façon plus évocatrice). L’issue de l’affrontement ne va pas de soi, mais une fois qu’elle est connue, la suite est prévisible : le Remords aura du remords d’avoir tué, même si ce châtiment était juste, et dans sa démence il sera hanté à jamais par le spectre de sa victime.

Faut-il y voir, plus loin, les deux moitiés d’un tout, cherchant mutuellement à se dominer, puis découvrant le besoin qu’elles ont l’une de l’autre au moment où il est trop tard, au moment où l’une a supprimé l’autre ?

Romantique, sombre, presque frénétique dans son lyrisme, « Dans la nuit » fait penser au Hugo des Châtiments – sans nécessairement faire penser à du Hugo. Seul le conte bref pouvait bien servir cette prose exaltée, qui aurait été difficile à soutenir longtemps : comme son personnage le Remords, le texte est embrasé, il court, haletant : il lui faut arriver vite à une finale déchirante. Qu’on en juge : « Il allait, bondissant comme une bête fauve, râlant comme un possédé, sa poitrine n’était plus qu’un brasier ardent, son manteau noir lui semblait un vêtement de feu. » [DS]

  • Source : Le XIXe siècle fantastique en Amérique française, Alire, p. 177-178.