De chair et de sang

Élise et Cat, deux lesbiennes adeptes du sadomasochisme, se présentent au manoir P. pour une soirée fétiche organisée par la mystérieuse Lady Harida van Pleasurash. Les deux copines se réjouissent de constater que la fête est beaucoup plus luxueuse et délirante que prévu, ne serait-ce que par la qualité des gens venus s’encanailler. Même le maire de la ville et la ministre de l’Éducation ont troqué leurs vêtements de ville pour le cuir clouté et le fouet. Mais au fil des heures, l’ambiance devient inquiétante. Élise et Cat se rendent compte que pour certains, tout cela va plus loin que le jeu. Jusqu’au moment où Élise découvre la véritable nature de Lady van Pleasurash, un monstre insectoïde qui se repaît de la jouissance, de la chair et du sang.

Nouveau venu sur la petite scène de la science-fiction québécoise, David Simard démontre un talent tout à fait prometteur avec cette nouvelle fantastique, bien contemporaine par la représentation sexuelle très explicite, étant entendu que sous cette surface kitsch de l’esthétique sadomasochiste coule un courant on ne peut plus traditionnel, plus faustien : le plaisir de la chair a un prix, celui de l’asservissement aux forces du mal. Pour rester dans la parabole sexuelle, le rôle du diable est tenu ici par une créature explicitement comparée à une mante religieuse. Le plus étonnant est sans doute l’entrain, le naturel – j’ai presque envie d’écrire la bonne humeur – avec lesquels Simard décrit ce monde décadent, qui résulte en une lecture beaucoup plus amusante qu’horrifiante. Un auteur à suivre, à n’en pas douter. [JC]

• Source : L'ASFFQ 1998, Alire, p. 157-158.