À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Un écrivain aime la pénombre des bistros. Il observe son voisin qui retient sa main droite gantée de cuir noir. Curieux et avide d’une histoire à écrire, l’écrivain ose lui en demander la raison. L’homme ne se fait pas prier pour retirer son gant et lui montrer que ses doigts se détachent et partent vagabonder, c’est pourquoi il doit les surveiller.
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Commentaires
Cette courte nouvelle est écrite en monologue intérieur : l’univers intimiste y est déployé notamment par des lieux exigus, une lumière tamisée et une proximité qui oblige un repli sur soi. Le narrateur se sent cependant contraint par sa curiosité de parler à son voisin imposé par l’achalandage du bistro.
Tout le fantastique se concentre dans la personne de ce mystérieux client. On y trouve une métaphorisation de la main qui devient vite personnification, car les doigts sont doués d’une volonté propre. L’animation d’une partie du corps figure dans les classiques du fantastique (cela rappelle un peu « Les Doigts extravagants » d’Andrée Maillet), même s’il n’est pas courant d’y voir des doigts volants (le narrateur en parle comme de fusées ou de navettes).
Les références culturelles et éclectiques y sont nombreuses : le narrateur est un homme de culture, il boit du vin, parle de cinéma ou de grands peintres. Pourtant, l’écriture, souvent faite de phrases nominales, est dépouillée et sans prétention. C’est l’aventure du détail, selon l’aveu même du narrateur, qui produit cette réduction de la vision des événements. Il s’agit d’y voir la faille inquiétante dans un quotidien à la fois glauque et inconstant. C’est dans cet univers polysémique que se déploie souvent le fantastique de Berthiaume. [AL]
- Source : L'ASFFQ 1998, Alire, p. 267-268.