À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Jésus-Christ se retrouve en sol canadien, à la fin de l’hiver, pour y vivre sa Passion. Trois squaws se proposent de l’aider mais le Christ refuse, par devoir, car il désire accomplir son destin. Les trois sauvageonnes ne peuvent se résoudre à l’abandonner à son sort : elles le soignent contre son gré, le réchauffent avec leur corps et réveillent ses sens. Et c’est ainsi qu’a été irrémédiablement modifiée la propagation du christianisme en Amérique du Nord.
Commentaires
« La Débâcle du Vendredi saint » raconte le Calvaire du Christ en sol canadien. C’est la description d’un climat hostile et la narration de la rencontre de Jésus-Christ avec trois squaws qui tenteront de le sauver et de lui épargner d’atroces souffrances. Récit de la tentation de Notre Seigneur qui fait face au dilemme de se laisser sauver ou de vivre son destin jusqu’au bout, cette nouvelle de Jean Morisset allie des éléments d’histoire biblique à la réalité québécoise.
D’abord, quel bonheur pour les yeux de voir que la nouvelle commence comme un poème en prose de Rimbaud ! Au moyen de néologismes, d’archaïsmes et de termes inusités dans tel ou tel contexte donné, Jean Morisset suscite avant toute autre chose des impressions chez le lecteur, comme un symboliste visitant l’espace exotique québécois. Il suggère au moyen d’une prose essentiellement poétique une myriade d’images évocatrices situant son récit dans un monde merveilleux par son étrangeté, mais une étrangeté familière pour nous, lecteurs québécois.
D’une culture biblique impressionnante, l’auteur parvient à créer un univers où se marient nature et religion, tout comme dans le titre, si bien choisi, mentionnons-le en passant. Texte rabelaisien par son souffle débridé et par la langue vive et alerte de l’auteur, « La Débâcle du Vendredi saint » frôle le génie tellement il est riche. Il s’agit en effet de ce genre de texte qui gagne à être relu plus d’une fois de crainte qu’on n’ait pas tout saisi d’une première lecture, comme cette allusion furtive au Roman de Renart, dont le genre d’humour n’est pas éloigné de celui de Jean Morisset. Sans aucune hésitation, j’en recommande la lecture. [SR]
- Source : L'ASFFQ 1993, Alire, p. 146-147.