À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Un pêcheur qui a contracté une dette envers un propriétaire terrien magnanime va rencontrer celui-ci pour lui demander une rallonge de prêt. En le quittant, il promet à son créancier de lui rembourser la totalité de la somme trois jours plus tard, mort ou vif. Le débiteur se noie le jour même. Un an plus tard, l’homme de bien fait venir ses parents, ses amis et ses employés pour leur annoncer sa mort. Il leur explique qu’à la suite de la noyade du pêcheur, celui-ci lui est apparu pour l’avertir qu’il mourrait dans un an, jour pour jour. Au coucher du soleil, le généreux créancier s’éteint doucement.
Commentaires
« Le Débiteur fidèle » de Louis-Auguste Olivier est un conte édifiant sur la charité chrétienne pratiquée par un homme que le destin a favorisé financièrement. Le texte est bâti comme l’éloge d’un homme riche qui a su garder des principes moraux comme la générosité. Il tente de réhabiliter la richesse qui n’est pas mauvaise en soi, à condition de l’utiliser pour servir une bonne cause. Cependant, l’auteur évite de tomber dans l’exagération du panégyrique.
La présence du fantastique prend la forme ici d’une manifestation du surnaturel : apparition du noyé, prédiction de la date de la mort du fermier. Ce fantastique-là, plutôt que de générer la peur, est l’expression d’une force divine qui gouverne les hommes. C’est dans le même esprit que la mort est présentée de façon positive et non comme un châtiment. Voilà certes une vision différente qui tranche avec la représentation habituelle de la mort au siècle dernier.
Par ailleurs, la construction du récit retient aussi l’attention. La presque totalité de la seconde partie est présentée sous forme de lettre écrite par le curé, ami du fortuné propriétaire, qui relate les événements à un confrère de Québec. Ce procédé donne au conte d’Olivier une tonalité particulière. L’auteur ne dévoile-t-il pas ainsi le but de son entreprise, à savoir la transposition d’une parabole religieuse dans le cadre d’une œuvre proprement littéraire ?
Dans la première partie du « Débiteur fidèle », Olivier formule quelques considérations sur l’architecture du XVIIIe siècle et, par quelques allusions précises, émet des réserves sérieuses sur les ordonnances des architectes de l’époque. Ces notations ajoutent une valeur documentaire d’un certain intérêt à son texte mais témoignent surtout de l’esprit indépendant et réfractaire aux diktats matériels propre à nos ancêtres.
Vingt-sept ans plus tard, Faucher de Saint-Maurice publiait une version de cette légende sous le titre « Le Fantôme de la roche ». On pourra en mesurer l’écart dans la recension consacrée à ce texte. [CJ]
- Source : Le XIXe siècle fantastique en Amérique française, Alire, p. 145-146.