À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Le narrateur est exécuteur suicidaire à une époque, la première moitié du XXIe siècle, où les gens n’ont guère de raisons de vouloir vivre. Il fait son travail proprement tout en réprimant ses émotions. Mais un jour, sa chère Olivia pour qui il a accepté ce boulot afin qu’elle ne manque de rien se présente au bureau de son mari. Elle en a assez de la vie…
Commentaires
La petite nouvelle de Claire Dé m’a rappelé une scène du film Soleil vert, celle où le personnage joué par le vieil acteur Edward G. Robinson décide qu’il a assez vécu et qu’il se rend dans un mouroir. « Demain ? » ne charrie cependant pas la même émotion car le récit établit une distanciation due au fait que le narrateur, en tant qu’instrument du suicide du bénéficiaire comme on dit dans le jargon des Affaires sociales, réprime ses sentiments.
Implicitement, le texte de Claire Dé incite à la réflexion sur la question de l’euthanasie sans chercher à apporter de réponses. La situation sur la planète apparaît tellement désespérée qu’il ne semble pas y avoir d’autres solutions. Même l’art ne suffit pas à donner un sens à la vie d’Olivia – elle est écrivaine.
Mais pourquoi Claire Dé a-t-elle choisi la narration au « je » ? Le procédé est efficace et justifié jusqu’à la scène finale. Mais quand le narrateur révèle que son assistant s’est mépris sur son geste, le tuant lui et son épouse d’une même balle, ça ne va plus. La vraisemblance du récit en prend un coup. La fiction peut s’accommoder facilement d’une narration prise en charge par un mort – le fantastique utilise souvent ce procédé pour créer un effet d’étrangeté – mais ici, ce choix diégétique me semble en contradiction avec le souci de réalisme que le texte s’emploie à établir et comme le souligne aussi le point d’interrogation du titre qui minimise le cadre futuriste de la nouvelle. [CJ]
- Source : L'ASFFQ 1991, Le Passeur, p. 67.