Résumé/Sommaire
Il y a 3800 ans régnait Hammurapi, roi de Babylone, la plus grande des cités-États de Mésopotamie. Roi guerrier, conquérant de Larsa, sa soif de sang et de pouvoir n’a d’égale que son ambition. Un rêve prémonitoire le hante, rêve dans lequel lui apparaît Marduk, le Dieu de Babylone, qui lui promet le sang et la victoire… ce qui plongera ultimement la Mésopotamie dans le chaos et les cycles de vengeance. Or, dans ce rêve, le roi babylonien entrevoit une autre déesse, inconnue à ses yeux, montée sur un oiseau géant, laquelle incarne la promesse d’une paix durable et de l’unité des cités-nations sous son règne.
Troublé, Hammurapi, en campagne contre la cité de Mari, commande à son mage, Meshigirrou, un prodige afin d’aider son armée. Le rituel de ce dernier ouvrira une faille temporelle où s’engouffre un avion, un 747 canadien, avec à son bord Roselyne, historienne. Roselyne, ou Ruz-Lim comme vont l’appeler les Babyloniens, la déesse du rêve d’Hammurapi, qui mènera les troupes babyloniennes à la victoire à coups de feux d’artifice et de clowns échassiers.
Commentaires
Camille Bouchard livre ici un autre excellent roman jeunesse qui ne perd aucune substance pour le lecteur adulte. On s’y plonge avec délice, savourant chaque parcelle historique avec bonheur. Il y a de la recherche dans ce roman à la fois fantastique et historique, et la plume de Bouchard fait (re)vivre l’antique Babylone avec toute sa splendeur autant que ses détours plus sombres et sanglants. Hammurapi y est dépeint comme un être plus grand que nature, dont la prestance n’a d’égale que sa barbarie, lui qui, après une victoire, empile les têtes de ses ennemis à ses pieds, viole des femmes-esclaves et prend plaisir à égorger les enfants des nobles conquis.
Certaines scènes sont plutôt dérangeantes, sans jamais verser dans la description trop graphique – contrainte éditoriale oblige, je suppose. N’empêche, Bouchard s’en permet, et le lecteur en redemande. En même temps, l’auteur de l’excellente série de romans d’aventures Pirates fait bien attention de balancer son récit par l’introduction du personnage de Roselyne, dont la candeur et l’émerveillement s’expliquent par son statut – celui du spectateur devenu acteur de l’histoire.
Notons également que les topoï fantastiques s’insèrent parfaitement dans le récit ; et à ce sujet, le personnage de Meshigirrou rappelle quelque peu le docteur Frankenstein par sa volonté de soumettre des forces qui le dépasse, et qu’il maîtrise mal – à ceci près qu’il s’agit bel et bien, dans son cas, de sorcellerie conservée sur d’anciennes tablettes sumériennes. La fin du roman, somme toute quelque peu ouverte, permet d’envisager une suite qui, ma foi, serait très certainement souhaitable au regard de la qualité du roman. [MRG]
- Source : L'ASFFQ 1996, Alire, p. 44-45.
Références
- Desroches, Gisèle, Le Devoir, 15/16-03-1997, p. D 8.
- Marquis, Luce, Lurelu, vol. 19, n˚ 3, p. 15.
- Martin, Christian, Temps Tôt 42, p. 50-51.