À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Un homme accompagne son amante, qui s’apprête à le quitter définitivement, jusqu’à la gare. Une brume épaisse embrouille la vision de l’homme, qui n’aperçoit presque plus la femme aimée. Après que celle-ci soit montée à bord du wagon et que le train se soit remis en marche, la brume se dissipe, dévoilant un « paysage de champs infinis », vide de rails, de train et de gare.
Commentaires
Voilà un autre texte où, à la mode gothique, le fantastique profite des vertiges du héros et de la brume ambiante pour s’infiltrer insidieusement dans le récit et ravager les certitudes du narrateur. Combien de personnages, dans d’autres nouvelles, ne se sont-ils pas laissé engourdir par les vapeurs de leur esprit et par des volutes de fumée, pour le plus grand plaisir des lecteurs !
Comme il arrive souvent dans les très courts textes, il s’agit ici d’une nouvelle à chute : le fantastique ne se manifeste qu’à la toute fin, si bien que la finale, où le protagoniste se retrouve perdu, en pleine nature, dans ce qu’il est convenu d’appeler un no man’s land, contraste fortement avec l’onirisme du développement. La précision désolante du dernier paragraphe tranche de façon marquée sur le flou romantique du reste du texte.
Le narrateur réussit très bien à créer, autour de la personne de la femme aimée, une atmosphère de nostalgie et de rêve. La finale est bien réussie : occupé, à l’instar du héros, à réinventer le visage et la silhouette évanescente de la femme, le lecteur en oublie les règles élémentaires de vigilance et se laisse surprendre par la disparition des rails, du train et de la gare. [LM]
- Source : L'ASFFQ 1990, Le Passeur, p. 152-153.