À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
John White se rend à son travail et constate que le télécopieur reçoit une grande quantité de matériel. Ce texte, accompagné de dessins, prétend être un message émanant du cercle des Errants, les créateurs de l’univers et architectes de la vie sur Terre. Ils sont horrifiés par le destin ultime de l’humanité, dont l’imagination débridée mène à la croyance en un Dieu unique, en une moralité absolue, et à des guerres idéologiques qui finiront par ravager la Terre. John White hausse les épaules devant ce canular, mais comme les images qui accompagnent le texte l’ont fort émoustillé, il s’en va flirter avec sa secrétaire.
Commentaires
Ce numéro spécial d’imagine… demandait aux auteurs de créer un texte à partir de trois images. Comme deux des trois illustrations ici présentes sont plutôt pornographiques et violentes, il est difficile d’imaginer une histoire qui y colle sans se vautrer également dans le stupre et la violence. Reprocher au noyau du texte son contenu serait plutôt injustifié.
Par contre, la façon dont il est écrit est un véritable problème. Le message des Errants est confus, multiplie les faux emplois, utilise du jargon dépourvu de contexte, bref menace constamment de dégénérer en charabia. Je veux bien croire que ce choix est délibéré, dans le but de rendre la différence des Errants qui s’adressent à des êtres (nous) dont l’esprit est foncièrement autre, et ce depuis une réalité elle aussi profondément différente. Toutefois, le résultat final est à l’image d’un de ces manuscrits que reçoivent hélas ! trop souvent les directeurs littéraires : écrit par un auteur qui ne maîtrise pas son français et emploie les mauvais mots en voulant faire littéraire ; qui part d’une idée de SF convenue et tente de la rendre excitante en la décrivant de manière quasi opaque ; qui veut évoquer la science mais qui, n’y connaissant rien, accole des termes techniques et des chiffres pour produire des expressions qui ne ressemblent que vaguement à quelque chose de sensé, genre « l’échelle XY 2.23 NDA ».
Le cadre ultra-prosaïque de la nouvelle ne profite malheureusement pas du contraste, vu la banalité des actes de son protagoniste. Tant qu’à rester dans le cliché, j’aurais préféré qu’il devienne un prédicateur fou ou qu’il se suicide de désespoir. Un échec sur toute la ligne. [YM]
- Source : L'ASFFQ 1994, Alire, p. 131-132.