À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Odilon Bernski, cinquième fils adopté d’une famille terrienne, se fait remarquer par le Père Marien du Petit Séminaire de Sainte-Marie-de-la-Croix pour ses disparitions inexplicables. Odilon, un admirateur de Jules Verne, partage avec Adrien Dagenais, son meilleur ami, deux secrets : leur amour réciproque pour la même fille, Hermine Boucher, et la construction d’une machine à voyager dans le temps. Lors d’un voyage en l’an 2000, Odilon décide de demeurer à cette époque qu’il juge fascinante alors qu’Adrien ne songe qu’à retrouver sa famille et Hermine. De retour en 1889, Adrien envoie Hermine en l’an 2000 afin de convaincre Odilon de rentrer chez lui. Pendant qu’ils discutent, une vieille clocharde embarque dans la machine et appuie sur les boutons, la faisant ainsi disparaître à l’époque de la préhistoire. Hermine est désormais condamnée à demeurer au xxie siècle et fait sa vie avec Odilon.
Commentaires
Il s’agit ici de la seule nouvelle de science-fiction du recueil. La machine à voyager dans le temps sert à comparer notre passé et notre présent. En effet, l’auteure décrit les grandes caractéristiques de la société traditionnelle québécoise : les femmes sont discrètes et dévotes, soumises à leur mari et à leur curé ; les enfants sont élevés avec rigueur et sévérité dans le but de devenir d’honnêtes habitants catholiques, alors que le père représente l’autorité. Cependant, Odilon, même s’il correspond au modèle prôné, a des « égarements » et admire « cet illuminé de Verne ». Il recherche la liberté de penser et d’agir. Comme cela semble impossible à son époque, il s’envole vers le futur.
Doit-on voir, dans le choix d’Odilon, un jugement positif sur notre époque ? Odilon est séduit par l’apparence des punks, la densité de la circulation automobile, les merveilles de la technologie moderne et l’amour libre ; Adrien, pour sa part, est apeuré par les multiples interdictions et par cette société matérialiste où la famille est éclatée. Quant à Hermine, elle s’adapte vite à l’idée de vivre au xxie siècle parce qu’elle ne s’y ennuierait pas.
Cette histoire, quelque peu complexe et qui n’explique pas comment on peut créer une telle machine à la fin du xixe siècle, est écrite dans un style efficace très simple et se termine, comme les bons contes merveilleux, par la naissance d’une petite fille choisie par ordinateur… [AL]
- Source : L'ASFFQ 1998, Alire, p. 6.