À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Eugénie de la Résurrection est la dernière religieuse de sa communauté. Centenaire, elle a passé la majeure partie de son existence à rédiger les annales de sa communauté. Et voici que la civilisation, sous forme de bulldozers et de grues, rejoint son cloître, et qu’à l’aube, seule dans la neige et traînant derrière elle la boîte contenant ses écrits, elle s’en va l’affronter alors qu’un vent s’élève qui fait s’envoler les papiers et qu’un grand rire émerge des profondeurs de la terre…
Commentaires
À première vue, on peut diviser en trois parties bien distinctes la nouvelle d’Hélène Laliberté : la présentation, la dissertation, la désintégration. D’inégale longueur – la première et la dernière ne font qu’une page chacune –, elles forment une structure simple qui, dans la deuxième partie, entremêle soudain un deuxième fil narratif. Le premier fil, qui décrit le présent d’Eugénie de la Résurrection, au style sec et factuel, disparaîtra presque au profit du deuxième, c’est-à-dire du contenu des dernières pages des annales écrites par la vieille sœur, véritable harangue destinée à un Dieu qui n’a guère montré de reconnaissance envers elle-même et sa défunte communauté, et dont le style, plus engagé, est nettement plus lyrique. Hélas, l’alternance des deux trames nuit beaucoup à l’une comme à l’autre puisque, chaque fois qu’il y aura permutation, le charme sera rompu.
Dans la dernière partie, heureusement, Hélène Laliberté reviendra au présent et à son style factuel afin de décrire, de belle manière et avec un remarquable cynisme, la totale désintégration des dernières espérances de sœur Eugénie de la Résurrection.
Il faut par ailleurs souligner la force de ce final, qui fait oublier les problèmes de structure précédents grâce aux troublantes implications philosophiques qu’il met de l’avant, et ce sans verser dans la farce ou le grotesque, ce qui, dans les conditions, est un exploit.
« La Dernière Religieuse » a mérité le troisième prix 1997 du concours littéraire du CEULa (Cercle d’Écriture de l’Université Laval) ; n’eût été de ses écueils structuraux, probable que cette nouvelle d’Hélène Laliberté aurait été une sérieuse candidate au premier prix. [JPw]
- Source : L'ASFFQ 1997, Alire, p. 108.