À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
L'auteur trouve deux pages manuscrites qu'il sait de lui à cause du style bien qu'il ne se rappelle plus les avoir écrites. La première raconte son lever le matin, tôt. Il se traîne à la salle de bain, où tout est blanc. Dans le miroir il ressemble à un spectre. La deuxième raconte son lever de nuit, tard. Les actions sont les mêmes mais il possède un revolver et se tire une balle dans l'oreille, puis dans la bouche et dans la nuque. À la salle de bain, tout est noir, et son reflet dans le miroir est en trois dimensions. Il lui tire une balle dans la poitrine et le reflet disparaît. L'auteur est soulagé. Enfin il s'est débarrassé de celui qui l'empêchait de vivre normalement.
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Commentaires
Comme à son habitude, Pelchat nous livre un texte hermétique, complexe dans sa simplicité même. L'écriture est bien maîtrisée et le texte, clairement compartimenté, expose pleinement sa mécanique, sinon ses ficelles. Le début, où l'auteur parle de la critique et de ce qu'elle dit de ses textes, nous montre un Pelchat qui assume enfin la pleine mesure de son écriture divergente des courants à la mode. Quant aux pages manuscrites, leurs contenus s'opposent comme le positif et le négatif d'un même instantané. Et si le positif reflète la vie normale, sa négativité vient de l'existence même du négatif nocturne que l'auteur s'emploie à tuer dans la deuxième page. On ne peut s'empêcher de faire allusion au conscient et à l'inconscient pour ces passages, surtout quand l'auteur termine en parlant de soulagement, de paix retrouvée après la disparition du reflet. A tout prendre, n'est-ce pas le résultat que tous veulent atteindre en allant chez le psychanaliste ? Et une fois débarassé de la face obscure de notre moi, n'est-on pas mûr pour se tourner vers les autres ? C'est ce que semble nous dire Jean Pelchat.
Un court texte qui, malgré ses difficultés, m'a séduit. [JPw]
- Source : L'ASFFQ 1985, Le Passeur, p. 86-87.