À propos de cette édition

Éditeur
Vents d'Ouest
Titre et numéro de la collection
Ado - 24
Genre
Fantastique
Longueur
Novella
Format
Livre
Pagination
164
Lieu
Hull
Année de parution
1999
ISBN
9782921603997
Support
Papier
Illustration

Résumé/Sommaire

Sylvia hérite d’un domaine remarquable dans un coin isolé du Québec. Elle y emménage avec son fils Bertrand, un déficient de 18 ans dont l’âge mental serait d’environ sept ans. Bertrand a un don exceptionnel de prémonition, mais il ne peut l’exploiter à cause de ses faibles facultés intellectuelles. Bertrand se lie d’amitié avec sa nouvelle voisine, Bijou, une déficiente de 25 ans qui vit avec son père, un scientifique de renom qui se cache sous le nom de Paul Simard. Paul travaille secrètement à la construction d’un appareil à neutraliser les tornades, appareil que certains gouvernements voudraient bien posséder à des fins destructrices. Il s’est installé dans l’ancienne mine située aux confins des terres de Sylvia. Il bénéficie de l’appui d’un extraterrestre, Zhomdor.

Un soir, Bertrand et Bijou s’aventurent près de la mine où se trouve leur nouveau petit refuge (l’endroit idéal pour manger des petits ours en gelée). Ils assistent par hasard à l’arrivée spectaculaire de Zhomdor et sont exposés à des rayons provenant de la Zéphira X-56. Le lendemain, ils montrent des signes d’intelligence inhabituels, à la grande surprise des parents. Chaque soir, l’expérience se répète, sans que personne ne le sache. Les jeunes se métamorphosent. Paul découvre enfin la cause de ce miracle. Lui et Sylvia se retrouvent face à un dilemme, car il y a un prix à payer à l’intelligence. L’exposition aux rayons, si elle persiste, conduira à la mort dans les cinq ans. Que faire ?

Commentaires

Deux petits ours au milieu de la tornade est un roman de SF pour adolescents qui sort avec bonheur des sentiers battus. L’action se déroule en pleine campagne du Québec en notre fin de XXe siècle. Bien sûr, il est question d’expérience scientifique et d’extraterrestre, mais le roman s’intéresse davantage à la déficience intellectuelle, à la qualité des relations humaines, à l’amour et l’amitié.

L’auteure campe des personnages sympathiques, colorés, très attachants parce que terriblement vivants. Il faut dire que la condition de Bertrand et de Bijou apporte une belle fraîcheur au récit, tout comme Myriam, la sœur de Sylvia, toujours prête à rire et à donner un coup de main. Les déficients sont ici représentés comme des êtres naïfs, incapables de méchanceté, authentiques dans leur rapport au monde et aux autres. Bertrand est même un peu poète. Un peu mutant aussi peut-être… Mais ses dons de clairvoyance, qu’une psychiatre explique de façon rationnelle, ne sont pas vraiment exploités dans le roman. Cette piste n’a été qu’effleurée. Quant à Sylvia, femme de cœur, elle a choisi d’avoir et d’élever un enfant même si elle vivait seule. Bertrand est né grâce à l’insémination artificielle. Longtemps Sylvia a cru que la déficience de son fils était une punition du ciel. Mais sa culpabilité a fini par disparaître à mesure que grandissait l’amour. Bertrand est devenu un cadeau du ciel.

Et l’extraterrestre ? Il reste en arrière-plan. Comme un bon fantôme qui vient rendre visite à l’occasion. Paul a découvert Zhomdor tout à fait par hasard et il a gardé secrète son existence. C’est grâce à ses grandes connaissances scientifiques qu’il a pu construire sa Zéphira. C’est enfin Zhomdor qui, du fond de sa galaxie, révélera à Paul les conséquences tragiques de l’exposition continue des jeunes adultes aux rayons.

Deux petits ours au milieu de la tornade est un roman réussi. À cause du rythme enlevé de l’écriture, des dialogues empreints d’humour, de la personnalité des personnages et des questions qui sont judicieusement soulevées (où situer, par exemple, l’intelligence dans l’échelle de nos valeurs). Francine Allard fait rêver en même temps que réfléchir. Il y a en effet plein d’invraisemblances dans ce livre : une mère monoparentale hérite d’un manoir de millionnaire ; deux déficients se retrouvent voisins dans un coin perdu du Québec (quel heureux hasard !) et tombent amoureux l’un de l’autre ; les parents tombent aussi en amour (tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes). Même Myriam risque de trouver chaussure à son pied en la personne du notaire. Un vrai conte de fées… Et il faut le prendre comme tel.

Mais l’œuvre incite aussi à la réflexion critique en abordant certains problèmes liés à l’intégration sociale des déficients légers. Tout ce qui sort de la norme inquiète, dérange. Et il n’est pas nécessaire d’être un extraterrestre… Francine Allard dénonce aussi l’emprise du politique sur le scientifique, la tentation de l’exploitation de découvertes à des fins mercantiles. Enfin, surgit la question-clé du roman : la connaissance est-elle une condition au bonheur ? L’amitié et l’amour ne prédisposent-ils pas davantage à l’épanouissement de l’être ? Deux petits ours au milieu de la tornade est un roman sur la beauté de la vie, sur la tolérance et le respect. Un roman qui donne goût à la vie. [RP]

  • Source : L'ASFFQ 1999, Alire, p. 7-9.

Références

  • Brunet, Martine, Québec français 127, p. 111-112.