À propos de cette édition

Résumé/Sommaire
Dans un futur extrêmement lointain, où les Terriens ont abandonné les nombreuses colonies de leur empire galactique, les humains de la planète-mère vivent une existence simple et pastorale. Le narrateur raconte l’atterrissage de grands vaisseaux, en divers points de la Terre, et l’installation provisoire de leurs passagers, manifestement descendants d’humains, malingres et fermés à toute communication.
Ce qu’ils cherchent, ce qu’ils tentent de faire, restera un mystère. Mais, après un an d’insuccès, ils tournent leur frustration vers la communauté agraire du narrateur et massacrent tout le monde au lance-flamme ou au laser. Dans sa fuite, le narrateur parvient à s’emparer d’un livre rouge qui semble avoir valeur de Bible pour tous les envahisseurs. Cela s’avère être un simple roman d’anticipation, où l’humanité aurait transcendé vers un état immatériel. Les exilés ont tenté en vain de communiquer… avec les nuages.
Commentaires
En préambule, l’auteur évoque une révolution à la faveur de laquelle l’humanité terrienne aurait renoncé à son empire et au matérialisme. Les utopies du titre sont, d’une part, la communauté rurale qui en a résulté, d’autre part celle mise en scène dans L’Ultime Paradis, l’œuvre de fiction devenue, pour certains descendants de colonies humaines, le « petit livre rouge » d’une civilisation. L’analogie n’est pas appuyée, mais le lecteur – surtout celui de l’époque – ne peut que penser au Petit Livre rouge de Mao Zedong et à son rôle cardinal dans l’histoire de la Chine au XXe siècle. Rappelons que le Grand Timonier était mort depuis moins de deux ans lorsque « Deux utopies » est paru.
Narrateur omniscient, en même temps acteur, le personnage-point-de-vue sait bien plus de choses que n’en connaîtrait un paysan, fût-il d’un futur lointain. Il assigne avec assurance certaines fonctions à des appareils extraterrestres jamais vus, il pose un diagnostic sur ces visiteurs humanoïdes qui pourtant ne communiquent pas. « Ces êtres montraient des déficiences psychologiques et morales importantes. »
Et il raconte au passé simple : « nous essayâmes » et « nous fûmes » ne donnent jamais, en français, une histoire très prenante. En 1978, l’auteur en était à ses premières armes. Cela appelle à la mansuétude, par exemple devant « J’esquissai un sourire crispé » lorsque le personnage, sa famille massacrée sous ses yeux quelques heures plutôt et son fils disparu, se terre seul dans une grotte où il prend connaissance de la tragique méprise que constitue le culte voué au petit livre rouge. De façon générale, le vocabulaire est souvent approximatif. Dans le doute, Beaulieu enchaîne substantifs et adjectifs, confiant que le mot juste figurera dans le lot.
Au fil des lustres, l’écrivain de Beauport affinera sa plume, cisèlera ses phrases, maniera un vocabulaire plus riche, mais ne fera jamais dans la sobriété ni la concision. [DS]