Deuxième soleil (Le)

Michel se rend dîner chez Gabriel, son ancien professeur de physique, qui habite Bonaventure. C’est un soir de lourde poudrerie. Mie, la petite amie japonaise de Michel, et ses parents doivent les y rejoindre. Les retrouvailles s’annoncent plaisantes lorsqu’un vieillard sonne à la porte. Le professeur Stanek affirme à Gabriel qu’il étudie lui aussi les ondes temporelles et qu’il a construit une sphère temporelle en tout point semblable à celle que lui et Michel ont déjà utilisée. Stanek demande l’aide du jeune homme pour retrouver sa fille Suzanne. Celle-ci, après un premier essai concluant dans l’avenir, à la même époque que Michel et Gabriel ont déjà visitée, a fait une deuxième tentative et n’en est pas revenue. C’est finalement Michel et Mie qui décident de partir à sa recherche à bord d’une deuxième sphère temporelle garée à Marseille.

À peine rendus à destination, les deux passagers de la sphère sont interceptés par un garde qui les prend pour des espions caldériens. Michel se souvient que, dans sa visite précédente, les Caldériens, habitants de la fédération de Titan et d’Europe, étaient fréquemment en guerre avec les Terriens. Michel rétablit les faits mais découvre que la sphère les a déposés cinq cents ans trop tôt. Les alliés sur lesquels il croyait pouvoir compter ne sont pas encore en place. Lui et Mie sont finalement accusés d’être des Terriens du passé ayant violé la loi du système solaire en utilisant une sphère temporelle. Mais le laxisme des autorités fait en sorte qu’ils peuvent récupérer leur sphère et effectuer un retour à Marseille, leur point de départ.

Dès lors, ils entrent de plain-pied dans un univers qui leur échappe. La Marseille qu’ils ont rejointe est en partie submergée par la mer et est éclairée par deux soleils. Ils découvrent une population qui leur ressemble, à l’exception de certains individus présentant les caractéristiques de l’homme de Neandertal. À ce peuple s’oppose la cité gouvernementale montée sur une plate-forme dominant la mer. Après avoir constaté que leur sphère a été récupérée par les forces gouvernementales, ils parviennent à s’introduire dans la cité pour la reprendre et fuir cette trame temporelle déphasée. Seul Michel parvient à s’enfuir ; Mie est retenue derrière alors que la sphère se met en marche de façon automatique.

À son retour, Michel apprend que Stanek n’a jamais eu de fille et que lui et Mie ont été soumis à une expérience temporelle à bord d’une sphère déjà programmée. Trois semaines après son retour, lui et Gabriel reprennent les commandes de la sphère pour récupérer Mie dans la Marseille aux deux soleils. Ils la retrouvent dans une forêt occupée par des rebelles pour découvrir qu’elle y est depuis maintenant cinq ans et qu’elle est mariée à un guerrier nommé Alcori. Une attaque gouvernementale les force à fuir vers une base cachée alors que Michel est fortement déstabilisé sur le plan émotionnel. Après avoir fait connaissance avec les troupes rebelles et leurs auxiliaires de combat, les kolidoïdes dont la carapace est imperméable aux balles, Michel et Gabriel sont appelés à se joindre à eux pour libérer des prisonniers au nombre desquels se trouve Alcori, l’époux de Mie.

Après une victoire totale des rebelles sur les forces gouvernementales, les deux héros retournent à leur époque avec Mie et son époux et regagnent Bonaventure, leur cadre de vie habituel. C’est alors qu’apparaît une sphère temporelle au-dessus de la mer et qu’en sort Dragelli, la guerrière du futur qu’ont connue Michel et Gabriel lors de leur première aventure dans le temps.

Bien qu’il constitue une suite à La Vallée d’Antares, le roman de Stéphanie Paquin a le mérite de pouvoir se lire aisément, les renseignements essentiels à la bonne compréhension étant transmis de façon appropriée. La scène d’ouverture (poudrerie hivernale, feu de foyer et mystérieux vieillard appelant à l’aide) est particulièrement efficace et donne envie de dévorer la suite. Mais à l’ère des Star Wars et autres créations visuellement époustouflantes qui envahissent nos petits et grands écrans, le défi d’écrire un récit dans la même veine qui soit enlevant et innovateur est particulièrement difficile à relever. À cela s’ajoute une galerie de personnages, des parents de Michel et de Mie aux kolidoïdes-crocodiles, qui s’avèrent bien nombreux et qu’il n’est pas facile de maîtriser dans des scènes souvent courtes.

Stéphanie Paquin mise de toute évidence sur l’action et son roman n’en manque pas. Elle présente également certaines curiosités propres au voyage temporel, mais sans toutefois les exploiter, faute d’espace peut-être. Il en résulte un mélange d’éléments issus du space opera et du voyage dans le temps qui surchargent l’action et donnent parfois l’impression d’être encombrants pour l’auteure.

Ceux qui ont apprécié La Vallée d’Antares et qui aiment l’action devraient y trouver leur compte. De plus, les personnages, bien qu’à peine esquissés, sont sympathiques et la jalousie de Michel devant l’époux de Mie est bien rendue. Il s’agit, somme toute, d’un roman jeunesse qui raconte une histoire assez touffue, mais sans éclat particulier. [JD]

• Source : L'ASFFQ 2000, Alire, p. 129-131.

• Anonyme, Lettres québécoises 104, p. 59.
• Spehner, Laurine, Lurelu, vol. 24, n˚ 1, p. 37.