À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Étienne et Maude, deux jeunes Québécois du xxe siècle, rencontrent Mozart dans le parc du Mont-Tremblant. Le petit Wolfgang, âgé d’une douzaine d’années, vient d’être catapulté dans l’avenir par la vertu d’un diapason ensorcelé que lui a donné Salieri. Étienne et Maude croient pouvoir l’aider à revenir à son époque, mais ils n’ont pas tout à fait saisi le principe du fonctionnement de l’objet : Mozart se retrouve à Paris en 1842 et il n’en part qu’avec l’aide de ses amis québécois. Les trois enfants aboutiront ensuite à l’époque de Léonard de Vinci, puis à Vienne en 1823 et 1767, avant d’atterrir à Vienne en 1768, le jour où Mozart avait disparu. Ils découvrent que Salieri rend régulièrement visite à une petite Italienne sans-abri qui loge sous le porche d’une maison abandonnée. Comme ils connaissent le pouvoir magique du repaire de la petite Ortenzia, ils trouvent alors le moyen d’annuler le sortilège du diapason, de garder Mozart à son époque, puis de revenir chez eux.
Commentaires
Il est toujours difficile de résumer une histoire où interviennent des voyages dans le temps. Et la gestion par l’auteur des boucles temporelles et paradoxes logiques n’est jamais simple.
Jacques Plante s’en tire plutôt bien. Même si ce n’est pas précisé, le livre semble s’adresser à des lecteurs assez jeunes, sans doute de moins de treize ans. Plante traite donc les déplacements dans le temps comme une évidence et il les décrit de manière très concrète. Il ne s’agit pas de science-fiction, faut-il le souligner, car le diapason est un objet magique, ce qui épargne à l’auteur bien des explications puisque les jeunes héros l’acceptent d’emblée comme tel. Ces derniers font face à des problèmes à leur mesure, qu’ils règlent pacifiquement, avec un peu d’astuce et de débrouillardise.
Certes, le texte frise parfois le compte rendu touristique et il opte pour la facilité en faisant rencontrer aux enfants des célébrités comme Mozart, Salieri et Léonard de Vinci. (Le roman esquive d’ailleurs le problème de la langue : si Mozart parlait sans doute français, les enfants auraient dû tomber sur des personnes incapables de les comprendre à Vienne ou à Milan.)
Cependant, deux bévues majeures de l’auteur compliquent bien inutilement l’intrigue. D’abord, lorsque les enfants perdent le diapason en Italie, ils doivent passer plus d’une année à Milan en compagnie du grand Léonard ; ce séjour, qui devrait paraître excessivement long à des enfants séparés des leurs, est escamoté en quatre pages. (On ne saura jamais si les parents d’Étienne et Maude auront remarqué que leurs enfants ont vieilli d’un an en une nuit.) Ensuite, lorsque les enfants arrivent à Vienne peu avant la disparition de Mozart, ils ne comprennent pas que le Wolfgang qui est avec eux peut tout simplement remplacer le Wolfgang qui va disparaître. La résolution de ce faux problème nécessite une sous-intrigue supplémentaire plutôt romanesque.
Si J. K. Rowling a pu conclure Harry Potter and the Prisoner of Azkaban sur une boucle temporelle parfaitement maîtrisée, on a le droit d’exiger des auteurs jeunesse au Québec une compréhension équivalente des mécanismes du voyage dans le temps. Le roman de Jacques Plante aurait aisément pu éviter les écueils que j’ai signalés, tout en conservant le charme des pérégrinations d’Étienne, Maude et Wolfgang d’une époque à l’autre.
Une fois de plus, on a l’impression que pour les auteurs qui se frottent à l’occasion à la science-fiction ou au fantastique, ces genres se confondent sous l’enseigne du n’importe quoi, ce qui justifie toutes les incohérences. Néanmoins, ce court roman est raconté avec suffisamment de brio pour ne pas ennuyer, même s’il reste en deçà de ses possibilités. [JLT]
- Source : L'ASFFQ 1998, Alire, p. 140-141.
Références
- Filion-Gagné, Carole, Lurelu, vol. 22, n˚ 3, p. 40.