À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Un savant expose dans un mémoire les résultats d’une recherche consacrée à la sous-culture informatique. Il s’agit de montrer comment, depuis l’apparition de la nouvelle espèce “pensante” des ordinateurs, s’est développée l’autonomie de langage et de pensée de ces petites machines. Il s’agit aussi de voir en quoi cette espèce, qui s’est dotée d’une sous-culture distincte, risque ou non de nuire à l’évolution de l’homme. Les conclusions semblent rassurantes, ironiques même…
Commentaires
Dans « Digamma », Michel de Celles s’attarde avec un bel humour de forme et d’esprit au développement de la pensée mythique chez les ordinateurs (l’informythique ?), une pensée qui serait bien sûr affaire de construction mais aussi et surtout de fantaisie. La pensée mythique n’est-elle pas l’expression d’une pensée libre, issue d’une interrogation toute légitime sur l’origine et la finalité des choses ? Les ordinateurs ont appris, avec le temps, à occuper leurs moments de loisirs par l’exploration eschatologique, sans que cela nuise à l’exercice premier de leurs fonctions. L’homme envie même à la nouvelle espèce son aptitude à l’imagination et à la transgression des codes, aptitude qui semble s’être dissoute chez lui. L’inquiétude surgit toutefois lorsque des spécialistes détectent, dans la structure de pensée des ordinateurs, l’ombre du conformisme (lire fanatisme). Mais l’ordinateur montrera qu’il n’en est pas à une divergence près.
Michel de Celles a su adopter dans cette nouvelle de science-fiction une écriture qui convienne à merveille au sujet traité. Le lecteur qui se sentira apte à suivre le long et tortueux périple de la phrase dans les corridors de la pensée analytique, qui saura en d’autres termes se conformer aux règles du jeu ici proposé, prendra un vif plaisir à décoder l’analogie. Voilà donc une voix originale, prometteuse, qu’il me fera plaisir d’entendre de nouveau. [RP]
- Source : L'ASFFQ 1990, Le Passeur, p. 45-46.