À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Elle est affairée, le contenu de la tête ne doit pas se répandre, c’est un cadeau pour Lui, elle a Son cristal, elle doit fermer convenablement l’ouverture du cou, c’est si salaud quand ça coule une tête, elle ne veut surtout pas Le contrarier, Le perdre, elle L’aime tellement, surtout Ses yeux, ahh ! Ses yeux…
Mais lorsqu’Il arrive, Il semble déçu et l’amène faire une promenade dans Son automobile, et elle est si heureuse avec Lui, Il est si beau même si elle n’arrive pas à mémoriser Son visage, mais ce n’est pas grave, Il l’aime, ne la quittera pas, sait combien elle L’aime. Alors pourquoi veut-Il qu’elle se tue pour Lui, pourquoi faut-il qu’elle meure pour que Son cristal Le ramène chez lui, elle ne veut pas Le quitter, et Le voici qui s’en va, qui reprend Son cristal, laissant l’arme à ses pieds, et que peut-elle faire sinon s’en servir s’Il n’est plus là ?
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Commentaires
Claude Bolduc, on le sait, aime explorer les multiples facettes du genre fantastique, quitte à en reculer les limites traditionnelles. Avec « Dis-moi que tu m’aimes », il s’aventure dans une direction extrêmement particulière où la symbiose de plusieurs genres donne des résultats assez étonnants, sinon palpitants.
Scènes d’horreur, ambiance fantastique, explications science-fictionnelles, écriture à la limite du degré zéro reflétant les limitations mentales de la narratrice, mais aussi sa désespérance profonde et son besoin viscéral d’être acceptée, tout concourt, dans ce texte, à la déroute du lecteur le plus aguerri. Malgré quelques moments forts – la scène de départ est particulièrement percutante –, il se dégage de cette nouvelle un sentiment d’inachevé qui atteint son apogée dans l’ambivalence de la conclusion, comme si l’auteur, tout au long de la rédaction de sa nouvelle, n’avait su quelle direction privilégier.
À vrai dire, Avec « Dis-moi que tu m’aimes » s’avère essentiellement un texte exploratoire – j’allais dire expérimental –, une première incursion de l’auteur dans une terra incognita de l’imaginaire collectif, qui lui servira à mieux planifier ses futures expéditions. Cette façon de procéder – certains parleraient de travail par tâtonnements ! – n’est pas aussi rare qu’on veut bien le croire. Si elle frappe tant ici, c’est principalement en raison de l’étrangeté du lieu exploré. Espérons donc que les prochains textes en provenance de cette contrée – si tant est qu’il y en a d’autres – soient plus unifiés et mieux maîtrisés afin que l’intérêt de l’histoire ne s’émousse pas devant l’aspect échevelé et quasi hirsute de l’ensemble. [JPw]
- Source : L'ASFFQ 1997, Alire, p. 31-32.