À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
David Roseau est un encanteur d’un type particulier : il vend des fœtus à des couples infertiles. Ce samedi-là, la tâche risque d’être plus ardue : il s’agit d’écouler un stock d’embryons qui n’ont pas encore trouvé preneur. Seul un fœtus de sexe féminin refusera les offres que lui fait un couple BCBG.
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Décidément, les histoires de fœtus sont à la mode dans la SFQ depuis quelque temps. Après Joël Champetier, Guy Bouchard, Miriade Klon et Christine Bonenfant, voici Gabrielle Gourdeau qui nous propose la sienne. Symptôme d’une société dont le taux de natalité demeure désespérément bas et qui constitue une source d’inquiétude constante pour la survie d’un peuple ? Sans doute.
La dédicace qui accompagne le titre de la nouvelle (« À tous les fœtus brisés par la vie, qui auraient préféré demeurer dans les limbes ») rend compte du projet de l’auteure. Il s’agit moins ici d’assurer la survie d’un peuple que de se demander ce qui pourrait bien convaincre un fœtus d’accepter le don de la vie qu’on veut lui faire. Il en résulte une situation surréaliste culminant dans ce dialogue entre le fœtus et ses futurs parents adoptifs qui tourne à une séance de négociation.
On cherchera en vain une assise scientifique solide à ce texte tant la vraisemblance semble le dernier souci de l’auteure. Gabrielle Gourdeau est avant tout intéressée par le renversement de situation que met en place « Don qui choque » : ici, contrairement à ce qui se passe d’habitude, on choisit ses parents !
Ce texte grinçant sur les soi-disant beautés qu’offre la vie débouche sur une critique du matérialisme honteux qui gouverne l’existence. Au premier degré, l’auteure se demande ce qui motive un couple à avoir des enfants. Est-ce une preuve d’optimisme en l’avenir ? Un acte d’inconscience ? Gabrielle Gourdeau renverse ensuite la proposition comme un gant et s’interroge sur ce qui peut bien inciter un fœtus à « débarquer » dans notre monde.
Que l’empêcheur de tourner en rond soit un embryon de sexe féminin n’est pas innocent : il y a là un symbole qui constitue une façon pour l’auteure d’afficher son féminisme.
« Don qui choque » est certainement la meilleure des trois nouvelles du recueil commentées dans L’Année… [CJ]
- Source : L'ASFFQ 1991, Le Passeur, p. 86-87.