À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Elle est étudiante à la faculté de fiction d’Université 5 et réalise avec un programmeur une œuvre audiovisuelle assistée par ordinateur. Comme cette œuvre est destinée à une salle d’attente d’un professionnel, la jeune femme doit respecter certaines contraintes formulées par le client. L’ordinateur lui demande régulièrement de modifier ses répliques. La réalisatrice obtempère en rêvant au jour où elle aura sa propre clinique de mythogénèse artificielle et décidera elle-même des postulats.
Commentaires
Le texte de Michael Delisle a remporté le concours d’œuvres dramatiques radiophoniques de Radio-Canada, dans la catégorie "30 minutes", en 1979-1980. Il s’agit d’une pièce qui propose une réflexion sur le travail de création et qui met en relation divers arts : littérature, cinéma et musique. C’est d’ailleurs cet effort louable de créer un nouvel art environnemental qui constitue le principal point d’intérêt du texte.
On sent aussi chez l’auteur un amour du cinéma qui est plutôt agréable et qui se traduit par une volonté de cinématographier le texte écrit. Delisle semble familier avec les jeux narratologiques. Il ne se prive pas d’utiliser des procédés comme la mise en abyme ainsi que le faisait Bernard Andrès dans La Trouble-Fête.
Le message du texte pourrait se résumer ainsi : il n’y a pas une version unique de la réalité. Celle-ci diffère selon le regard qui la scrute. La pluralité des interprétations qu’une même œuvre peut susciter ne trouve pas vraiment son application dans la pièce de Delisle. Si les personnages fictifs d’Yvon et de Rose font valoir que la réalité n’est pas une, la pièce elle-même ne laisse aucune équivoque possible avec sa fin unidirectionnelle.
En somme, l’auteur veut mettre en place une structure en construisant son texte comme une démonstration mais faute d’applications concrètes, on le reçoit comme une affirmation, comme une inclination qu’il essaie de rationaliser après coup. C’est sans doute pourquoi ses personnages apparaissent d’abord comme des véhicules d’idées même à travers leur culture différente. L’imaginaire d’Yvon est influencé par la culture américaine populaire (les États-Unis des années 30) tandis que celui de Rose est nourri par la culture européenne aristocratique (la Vienne du début du XXe siècle).
Sur une trame somme toute assez mince, Michael Delisle réussit un joli tour d’équilibriste sur un fil de fer. « Donne-moi un whisky » plaira à ceux qui appliquent une grille de lecture sur les textes car cette pièce se présente comme une analyse du travail de création qui passe par le biais de la fiction. [RB]
- Source : L'ASFFQ 1986, Le Passeur, p. 63-64.
Prix et mentions
Concours d'œuvres dramatiques radiophoniques de Radio-Canada (catégorie 30) 1979-1980