À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
… qui s'avère être celui d'un autre puisque Parker est étendu plus loin, inanimé mais vivant. De fait, tous les cadavres du labyrinthe, et ils sont nombreux, ressemblent à Jonathan ; et plus ils sont en bon état, plus Lane et Parker s'approchent du but, un étrange laboratoire où tout n'est que verres, liquides et cristal, et où un vieillard en fauteuil roulant les accueille en foudroyant Parker d'une fléchette soporifique ! Ce vieillard n'est autre que le vrai Jonathan Parker, qui a créé tous les autres clones qui n'ont pas survécu et celui qu'il vient d'endormir, sa réussite, qui ne sait rien et qui est parfaitement normal. Pendant l'explication, le Minos arrive et se sert du clone Parker pour tout détruire. Le vrai Parker meurt mais Lane, grâce à ses pouvoirs, réussit à survivre et à suivre le Minos qui la conduit au repaire de Dorz. Cette dernière interroge Parker sur le secret des clones, mais il ne sait rien et, après que le Minos ait réussi à tuer Lane, Dorz lui ordonne de tuer aussi Parker. Or, ce dernier comprend que le Minos n'est autre que le cadavre imputrescible d'Amand et il y ramène la conscience du puissant alchimiste qui se tourne aussitôt contre celle qui l'a manipulé. Parker en profite pour fuir avec le cadavre de Lane. De retour dans le Montréal du haut et à l'appartement de Lane, il a la surprise de voir cette dernière revenir à la vie…
Commentaires
Résumer Doppelgänger, je vous préviens, est une entreprise de haute voltige. Infime partie d’un tout qui s’intitule Terra Incognita et qui, de l’aveu même de l’auteur, est un hommage au xxe siècle qui s’étend sur près d’un millénaire et compte des centaines de personnages – Lane, Parker, Amand et Dorz en étant quelques-uns –, chaque page déborde d’action endiablée et d’informations qui partent dans tous les sens. Heureusement pour le lecteur, Vincent, malgré de nombreuses références énigmatiques, réussit à contenir suffisamment la trame principale de son texte pour qu’on puisse s’y retrouver. Ou du moins, en avoir l’impression !
Par ailleurs, louons l’auteur pour la qualité de sa plume. Si la micro-édition nous a trop souvent habitués à un français pour le moins approximatif, Thierry Vincent manie la langue en professionnel de l’écriture. La phrase est claire, concise, à la fois extrêmement dynamique et très visuelle – la description de certains décors, tel celui du repaire d’Hélène Dorz, vaut le détour ! À cela, il faut ajouter des dialogues vifs et, ma foi, un talent certain dans le maniement des grandes structures narratives. Ce qui était impératif dans Doppelgänger, tant la trame informative y est lourde et difficilement compressible – encore une fois, rappelons que le résumé présenté plus haut n’est, effectivement, qu’un très bref « résumé » du contenu des treize épisodes livrés dans ces trois minces brochures.
On ne peut s’empêcher de comparer les personnages extrêmement – et volontairement ! – stéréotypés que Vincent met en scène à ceux qui ont fait les beaux jours des comics américains de la première moitié du xxe siècle. Il y a du Wonder Woman dans Epiphany Lane, et Hélène Dorz ne serait pas la dernière venue dans la théorie de savants fous qu’on retrouvait alors. Quant à la manière, si elle tient du feuilleton et que l’auteur la rapproche de celle qui caractérise les films d’Indiana Jones, j’aurais tendance à y voir beaucoup plus l’influence des créateurs de Doc Savage. Car on reconnaît dans Doppelgänger ces atmosphères mystérieuses qui faisaient le charme des aventures de l’Homme de bronze, ces malfaiteurs géniaux et leurs sbires qui mettaient à feu et à sang les métropoles américaines ou autres et, surtout, ce sens de la démesure qui nous fait entrer de plain-pied dans l’univers des super-héros, mais aussi dans celui, ô combien gratifiant, du vrai Sense of Wonder ! Et on ne peut que le ressentir lorsqu’on apprend que tous les cadavres du labyrinthe « sont » Parker, que se terrent sous Montréal les vestiges de civilisations encore plus anciennes que celle des Amérindiens, et que « d’autres créatures, plus furtives [que le Minos], et plus inhumaines aussi, frayaient parfois parmi les roches lissées » qui soutiennent toujours le mont Royal !
Réécrit à partir d’un scénario qui était originellement destiné à la télévision, Doppelgänger ne peut être critiqué que sur un point : sa trop grande brièveté. Car il y a dans ce feuilleton suffisamment de matière pour en faire un véritable roman. L’auteur pourrait alors mieux élaborer les personnages principaux en explorant, par exemple, les différents liens qui les unissent et en leur apportant aussi beaucoup plus de profondeur. Cet élargissement du cadre permettrait en plus au lecteur de mieux appréhender l’ampleur de l’imaginaire qui se cache derrière cet épisode, somme toute parcellaire, et l’impression d’entrer alors dans une vaste cathédrale et d’approcher quelque chose de divinement mystérieux prendrait alors tout son sens.
Mais, d’une façon ou d’une autre, il faut bien avouer que le lecteur que je suis en redemande ! [JPw]
- Source : L'ASFFQ 1998, Alire, p. 179-181.