À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
[8 FA ; 7 HG]
En guise de préface : Je multiple
Je n'ai jamais eu de visage
Illio
Patrice
Illia
Le Piano
Le Ruban de Mœbius
Le Personnage
La Noyée
Le Paysage
La Photographie
Jardins d'enfances
Mémoire de l'avenir
Je n'ai jamais eu de mémoire
Les Temps sans mémoire
Commentaires
Écrivaine et journaliste, Gloria Escomel a été chargée de cours, notamment au Département d’études littéraires de l’Université du Québec à Montréal. Féministe engagée, elle a mérité en 1988 le prix Judith-Jasmin, qui récompense les meilleurs reportages écrits de la presse québécoise. En plus du roman Pièges, paru chez Boréal en 1992, elle a publié en 1994 un recueil de contes et de nouvelles chez le même éditeur. Les Eaux de la mémoire est formé de trois parties (« Dieux retors », « Morts et métamorphoses » et « Les temps sans mémoire ») qui sont elles-mêmes composées de quelques textes. Parmi ces derniers, huit peuvent être considérés comme des incursions dans le genre fantastique.
Proche du corps et de la nature, l’écriture d’Escomel est teintée de mélancolie et de nostalgie. Les personnages de son recueil s’accrochent, qu’ils le veuillent ou non, au passé. La figure du ruban de Moebius, ce symbole consacré de l’éternel recommencement, est centrale dans l’œuvre de l’auteure, où la mémoire, de soi et des autres, et l’avant se confondent au maintenant, où l’histoire se replie sur elle-même pour se répéter infiniment. Car si on dit que la même eau ne passe jamais deux fois au même endroit dans un courant, les eaux de la mémoire, elles, si elles ne stagnent pas, cherchent néanmoins à faire retour. On retrouve, dans Les Eaux de la mémoire, certains motifs chers au fantastique qui convoquent cette idée de répétition, à savoir le miroir, le portrait, le double et l’être fantomatique prisonnier de cet espace sans substance situé entre présent et passé, entre ici et ailleurs.
Si le style d’Escomel prend, dans certaines nouvelles particulièrement sursaturées de métaphores, un ton excessivement poétique qui donne au lecteur l’impression de plonger dans un poème en prose ou un récit onirique, il faut reconnaître à l’auteure son excellente maîtrise de la langue française et de ses artifices. Son écriture est élégante, les phrases s’enchaînent en glissant les unes sur les autres. Somme toute, Les Eaux de la mémoire est un recueil écrit de manière somptueuse. [JOA]
- Source : L'ASFFQ 1994, Alire, p. 77-79.
Références
- Dupuis, Simon, Solaris 112, p. 34.
- Potvin, Claudine, Lettres québécoises 77, p. 24.