À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Le narrateur, sans nom, aime se glisser la nuit dans les rues pour flirter avec la nature. Il est témoin ce soir-là d’une rencontre étrange : une femme de noir vêtue se fait aborder et menacer par un homme qui s’enfuit lorsqu’elle lui dévoile son visage. Le narrateur ramasse le foulard qu’elle a laissé sur la chaussée avant de disparaître dans un immeuble, puis il s’endort sur un banc de parc. Il est réveillé par une femme à la beauté troublante qui l’entraîne dans la nuit et lui offre fusain et peinture afin qu’il dessine un visage sur le canevas vierge de sa figure.
Commentaires
Un texte de qualité nous est offert ici par Natasha Beaulieu. La prose est souple et cadencée, sur un rythme très agréable à découvrir. La narration est à la fois progressive et troublante, portant le lecteur à comprendre, à défaut de partager, le trouble érogène du narrateur face à la nuit. C’est une nuance importante, car l’auteure nous parle de l’attrait du narrateur pour la nature alors que ses sorties sont nocturnes, renforçant ainsi le caractère tumescent de sa rencontre avec l’inconnu. Puis on assiste à la transformation du mystère qui subjugue en réalité horrifiante.
L’auteure utilise très habilement l’érotisme pour vulnérabiliser son lecteur, puis se saisit de son intérêt pour le dominer. C’est là l’essence même du vampirisme. Je ne peux toutefois me convaincre de l’efficacité du texte face à un lectorat féminin. Cette impression est renforcée lorsqu’on met en parallèle « Ébauche d’un visage » et « Laïka ». Il m’est toutefois permis de croire que « Laïka » constitue un canevas qui servira à plusieurs œuvres de Beaulieu.
Un texte nuancé par lequel l’auteure réussit à faire partager la sensualité trouble qui hante son univers, et qui doit être retenu comme un jalon important dans l’évolution de l’œuvre de Natasha Beaulieu. [BS]
- Source : L'ASFFQ 1994, Alire, p. 13-14.